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<strong>Une grande chaîne de dons, de Sylvie à Josée</strong>

Deux ans après avoir subi leur opération respective

Une grande chaîne de dons, de Sylvie à Josée

Publié le 22/04/2015

Josée Simard avait 18 ans quand elle a appris qu'elle souffrait, comme sa mère, de la maladie polykystique des reins, un trouble génétique qui provoque la formation de nombreux kystes dans les reins. Et 46 ans lorsqu'elle a dû se résoudre à entreprendre la dialyse. «C'était en mars 2009. Je ne me sentais pas bien. Mes deux reins étaient finis et j'étais en train de m'empoisonner», résume-t-elle.
Sa seule option? La dialyse.

Résignée à vivre ce qu’elle appelle son destin, Josée Simard a vaillamment entrepris ses traitements de dialyse, jour après jour, subissant opération après opération, dont l’ablation d’un de ses reins, qui pesait alors 7 1/2 livres, pour finalement un jour arriver au bout de ses forces. «Après 3 1/2 ans de ce régime, j’étais au bout du rouleau», souffle-t-elle.

C’était à l’automne 2012. «Je ne voulais plus continuer. Je ne voulais plus être branchée à cette machine. J’ai essayé de continuer une vie normale, j’ai essayé de faire attention à mon mari Daniel, à mes enfants, à mes petits-enfants, mais là, je n’en pouvais plus. J’étais prête à partir».

La chaîne de dons

C’est à ce moment que la belle-sœur de Josée, la sœur de son mari, Sylvie Legault, est entrée en scène. Son idée? Donner un de ses reins à Josée. «Je n’ai pas eu la chance d’avoir des enfants dans la vie. Mais je pouvais partager ma santé. Je l’ai fait autant pour Josée que pour mon frère Daniel, pour leurs enfants et leurs petits-enfants», raconte-t-elle.

Or, les tests médicaux auxquels Sylvie a dû se soumettre ont démontré qu’elle n’était pas compatible avec Josée. Elle ne pouvait pas lui donner son rein. Ce qui n’a en rien freiné le processus. Au contraire. La décision de Sylvie a pris de l’ampleur pour donner naissance à une vaste chaîne de dons impliquant cinq couples, comme elle et Josée, de donneur/receveur, c’est-à-dire cinq personnes prêtes à se faire retirer un rein pour le donner à cinq autres personnes, et ce, à travers le Canada.

Toute cette opération, à la logistique complexe, aura mis plusieurs mois à se mettre en branle. Finalement, après avoir failli à plusieurs reprises et contourné maintes complications, le processus s’est enclenché et le miracle s’est produit.

Le matin du 4 avril 2013, dans un hôpital de Montréal, Sylvie s’est fait retirer un rein aussitôt reçu par une autre personne. Quelques heures plus tard, dans un autre hôpital de Montréal, Josée recevait son nouveau rein, en provenance de Toronto, et avec lui, un nouvel espoir de vie. Elle a d’ailleurs appelé son nouveau rein «Vie», pour cette nouvelle vie qui s’offre à elle, mais aussi pour SylVIE, celle par qui soudainement, la vie a pu reprendre son cours.

En cette Semaine nationale du don d’organes et de tissus qui s’amorce (du 19 au 26 avril 2015), Josée et Sylvie invitent les gens à signifier leur consentement au don d’organes et de tissus.

Cette entrevue a été réalisée le 9 avril 2015, dans la maison de Josée, à Boisbriand. La femme qui s’est présentée devant moi, grande, fière et souriante, n’avait plus rien à voir avec une personne malade. Un brin exubérante, émotive à maintes reprises au cours de l’entrevue, Josée prenait soin, cette journée-là, de sa petite-fille Émy, 18 mois, tout en préparant ses bagages pour son voyage à Disney World, en Floride, quelques jours plus tard, avec ses deux petits-fils Samuel et Anthony. Au moment où vous lirez ces lignes, elle sera d’ailleurs probablement dans un manège, à rire et crier sa joie de vivre à qui veut l’entendre.