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Photo Benoît Bilodeau – L’Eustachois Marc Pepper, entouré de sa fille Nathalie et de son épouse Nycole.

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Photo Benoît Bilodeau – Lui-même en fin de vie, Marc Pepper a choisi de raconter des expériences de personnes atteintes de cancer qu’il a côtoyées.

Une fin de vie sur une note de partage pour Marc Pepper

Publié le 14/02/2018

Atteint d’un cancer incurable, diagnostiqué subitement il y a deux ans, maintenant en phase palliative, Marc Pepper, un résidant de Saint-Eustache, sait pertinemment bien qu’il est en fin de vie. Six mois tout au plus, selon ses médecins. L’homme de 64 ans a cependant choisi, malgré la douleur et certaines journées plus difficiles que les autres, de vivre ces derniers moments sur une note de partage; note qui résonne en deux temps.

Marié à Nycole Pepper, père de cinq enfants et grand-père de six petits-enfants, ce résidant du quartier Rivière-Nord souhaitait d’abord, l’automne dernier, vivre un moment de partage avec l’ensemble des membres de sa famille pour la période des Fêtes 2017.

Goûter au sens du partage

«Ça me trottait dans la tête, mais je ne savais pas trop quoi faire. Puis, début novembre, j’ai entendu parler de cette initiative pratiquée en Turquie et reprise dans l’Ouest canadien, voulant qu’on accroche des manteaux ou des foulards aux poteaux pour que des gens dans le besoin puissent les prendre. J’ai proposé l’idée à ma fille Nathalie, et le temps de le dire, nous avions un projet» , raconte M. Pepper, en entrevue à la résidence familiale, entouré justement de sa fille Nathalie et de son épouse Nycole.

Ainsi est né le «projet Partage» , auquel tous les membres de la famille Pepper ont pris part. D’abord en fouillant dans leurs garde-robes, tiroirs et placards pour réunir une bonne cinquantaine d’articles (manteaux, bottes, foulards, tuques, mitaines, gants et ainsi de suite) qui, tous, ont été soigneusement étiquetés et protégés pour qu’ils demeurent secs. Puis, accrochés en famille sur des supports la veille de Noël, en après-midi, dans la gloriette située face à l’église Saint-Eustache; un lieu fréquenté par les itinérants.

Quelques heures plus tard, après la messe familiale, plusieurs articles avaient déjà trouvé discrètement preneur. Puis, d’autres vêtements et articles se sont ajoutés les jours suivants, si bien qu’il est encore possible d’en voir accrochés dans la gloriette. D’ailleurs, il en sera ainsi jusqu’à la fin du mois de février, selon l’accord de l’équipe paroissiale de Saint-Eustache.

«Ce qui m’importait, c’était de donner un sens à la fête de Noël, que ce soit gratuit et, surtout, de faire goûter à mes enfants et petits-enfants le sens du partage» , de mentionner M. Pepper qui aimerait bien que l’expérience soit peaufinée et répétée l’an prochain.

Un recueil d’expériences de fin de vie

Aussi, il y a ce livre intitulé Je ne mourrai pas avant d’être mort que M. Pepper a écrit et publié à titre d’auteur et qu’il lancera le lundi 26 février prochain au Bordel Comédie Club, à Montréal; recueil dans lequel il raconte des expériences d’une vingtaine de personnes en fin de vie qu’il a accompagnées à titre d’intervenant en soins spirituels dans le milieu de la santé, et plus particulièrement en soins palliatifs. À ces différents récits s’ajoute, en toute fin de l’ouvrage, le sien, même s’il ne souhaitait pas de prime abord parler de lui.

«Ça fait longtemps que j’y pensais, même avant d’être malade. Ce sont des personnes qui m’ont beaucoup touché et beaucoup appris sur la vie. Je me disais toujours qu’il faudrait que je raconte ces histoires. Un de mes garçons, à qui je racontais certaines bribes d’histoires, me disait qu’il fallait que j’écrive. Quand j’ai été hospitalisé, c’est là que ce désir est devenu très fort; comme si je prenais conscience que ces histoires allaient mourir avec moi» , confie celui qui précise que ces récits sont le fruit de sa mémoire, de ses souvenirs, n’ayant jamais pris aucune note pour se le rappeler.

«Ce n’est pas du voyeurisme. C’est vraiment ce que j’ai vu comme intervenant: la force de gens qui, même en fin de vie, tenaient beaucoup à la vie, à vivre debout, à mourir debout. C’est un livre rempli d’espérance» , d’ajouter l’auteur qui dit avoir appris énormément de ces personnes dans cette fin de vie qui est maintenant la sienne et qui croit que toute personne saura apprécier pour mieux affronter les petits et grands défis du quotidien. Déjà, M. Pepper – aussi rédacteur d’un blogue intitulé «ARNOLDMONCANCER2» – dit avoir reçu de bons commentaires de la part de gens qui ont lu son livre.

L’ouvrage en question est disponible dès maintenant, et seulement en ligne, en version papier ou électronique, française ou anglaise, sur le [http://fr.blurb.ca/b/8288790-je-ne-mourrai-pas-avant-d-tre-mort].

«Pour moi, c’est un peu le legs que je laisse à mes enfants et petits-enfants, mais aussi à la société» , de dire M. Pepper en parlant de ces deux projets qu’il a menés ces derniers mois. Une façon aussi, comme il l’écrit dans son livre, de dire «merci à la vie».