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Subventionnés ou non: Les responsables de services de garde sortent dans la rue

Photo Benoît Bilodeau – La garderie La Marmelade, à Saint-Eustache, a notamment fermé ses portes la semaine dernière pour manifester son mécontentement.

Subventionnés ou non: Les responsables de services de garde sortent dans la rue

Publié le 22/10/2021

Manifestations et grèves dans les garderies, qu’elles soient subventionnées ou non par Québec, ont marqué la dernière semaine dans la région. D’un côté, les propriétaires de garderies privées veulent davantage de reconnaissance tandis que de l’autre, les travailleuses en centres de la petite enfance (CPE) exigent une amélioration considérable de leurs conditions de travail.

Le gouvernement du Québec est sollicité de toutes parts ces jours-ci par les travailleuses de la petite enfance. Jeudi dernier, à titre d’exemple, les éducatrices et propriétaires des garderies non subventionnées Mes meilleurs souvenirs de Sainte-Thérèse, le Palais et le Château des précieux à Bois-des-Filion et Lorraine, de même que La Marmelade à Saint-Eustache, pour ne nommer que celles-là, ont fermé leurs portes et manifesté leur mécontentement en brandissant des pancartes dans la rue. Mardi matin, elles ont poursuivi leur cavale en se présentant devant les bureaux du député Éric Girard. Elles souhaitent être entendues.

« Le gouvernement se plaint qu’il manque de places dans les garderies et nous, les garderies non subventionnées, avons des places vacantes et pouvons être la solution à cette problématique. Toutefois, les familles préfèrent payer 8,50$ pour être dans une garderie subventionnée », soutient Josée Brunelle, propriétaire de la garderie Mes meilleurs souvenirs.

Encore la semaine dernière, ajoute-t-elle, « un autre enfant » a quitté au profit d’un service de garde subventionnée.

« La cocotte était avec nous depuis la pouponnière, mais au niveau financier c’était plus intéressant pour le parent. Nous en avons assez d’être la salle d’attente des CPE ! », rage Mme Brunelle qui estime à 1000 $ par mois ce qu’il en coûte à un parent pour laisser son enfant dans une garderie non-subventionnée, comparativement à quelque 300$ dans un CPE.

« Nous représentons 30 % du secteur de la petite enfance. Nous accueillons 70 000 enfants chaque matin à travers le Québec. Imaginez si on ferme », de renchérir Asmaa Sefiani, propriétaire de deux garderies privées à Bois-des-Filion et Lorrraine depuis une dizaine d’années.

Elle ajoute que plusieurs éducatrices de CPE « quittent le bateau ». On se tourne alors vers ses travailleuses pour les remplacer.

« J’ai perdu plusieurs éducatrices car elles ont, en CPE, des conditions plus alléchantes que ce que l’on peut leur proposer car nous n’avons pas les mêmes moyens sur la table. Québec doit bouger ! C’est le moment d’agir! ».

Pas mieux dans les CPE

Après avoir manifesté devant leurs établissements respectifs jeudi, les travailleuses des CPE se sont rendues à Québec, vendredi, pour participer à un grand rassemblement qui a culminé devant l’Hôtel du Parlement.

« Nous assistons à un véritable exode des travailleuses et des travailleurs de CPE qui quittent le réseau en grand nombre pour aller travailler dans d’autres domaines, a déploré Chantal Maillé, présidente du Conseil central des Laurentides. Malheureusement, malgré les belles paroles, le gouvernement ne semble pas reconnaître le sérieux de la situation puisque les offres déposées, jusqu’à présent, sont nettement insuffisantes pour aider à retenir les gens dans le réseau. »

Les 11 000 travailleuses des CPE affiliés à la CSN se sont dotées d’un mandat de dix jours de grève à la fin de l’été. Une première journée de grève a eu lieu le 24 septembre, mais devant le peu de progrès réalisés à la table de négociation, les représentants des salariées jugent que ces deux autres journées supplémentaires étaient nécessaires.

« Nos membres sont au bout du rouleau et elles sont prêtes à se battre bec et ongles pour se faire respecter, a expliqué Chantal Harrison, présidente du Syndicat des travailleuses en CPE région Laurentides (CSN).

Les travailleuses revendiquent notamment une augmentation salariale équitable pour tous les titres d’emploi. Les membres demandent également des moyens pour donner de meilleurs services aux enfants, notamment ceux à besoins particuliers, ainsi que le respect, en tout temps, des ratios pour la sécurité des tout-petits. Elles veulent aussi du temps pour la préparation du dossier de l’enfant et pour la gestion de la cuisine.