logo journal leveil
icon journal
Semaine de la toxicomanie: À 12 ans, elle a développé une dépendance à la drogue

Laura est passée à travers une période difficile entre 12 et 14 ans.

Semaine de la toxicomanie: À 12 ans, elle a développé une dépendance à la drogue

Publié le 21/11/2014

Dans la cadre de la 27e Semaine de prévention de la toxicomanie qui s’est déroulé du 16 au 22 novembre derniers, votre hebdo L’ÉVEIL a rencontré Laura (nom fictif), une jeune fille âgée de 14 ans qui a commencé à consommer de la drogue dès l’âge de 12 ans. À force de volonté toutefois, mais aussi grâce au soutien constant des intervenants du Centre de réadaptation en dépendance des Laurentides, elle peut aujourd’hui affirmer être heureusement sortie de cet enfer.

Si Laura a commencé à fumer de la drogue, du haschich plus particulièrement, c’est que son frère, qui est de quatre ans son aîné, lui en a vendu.

«Si j’ai commencé à consommer à ce moment-là, raconte Laura, c’est que je voulais me rapprocher de mon frère. Quand je fumais avec lui, ce n’est pas qu’il était plus gentil avec moi, mais disons qu’il me portait davantage d’attention. Quand je n’en prenais pas, on arrêtait de se parler.»

«Quand tu as plusieurs enfants, renchérit la mère de la jeune fille, s’adressant aux parents qui pourraient se reconnaître, les plus vieux ne comprennent pas nécessairement que deux, trois ou quatre ans de différence, c’est énorme à l’adolescence. Il faut leur expliquer.»

Laura ajoute qu’au départ, son frère, «un être contrôlant» comme elle le définit, exigeait qu’elle ne fume qu’en sa présence. Elle avoue avoir rapidement transgressé cette règle.

«On fumait à tous les jours. Je suis donc devenue accro vite! Surtout que la première fois, je ne me suis pas fait un “plomb” ou deux comme on dit dans le jargon, mais 13! Après un mois, je suis montée à 15, puis rapidement à 30. Je me levais la nuit pour fumer du hasch, pour ensuite essayer toutes les autres drogues comme l’extasy, la morphine, le speed, la coke.»

Laura devient tellement accro qu’elle en vient à consommer à son arrêt d’autobus, dans la salle de bain, le garage, au parc, et même à l’école d’où elle s’est évidemment fait expulser l’année dernière, lorsque prise sur le fait.

«Plusieurs jeunes vont essayer, mais ne deviendront pas accros, ajoute la maman, mais Laura était extrémiste et elle ne pouvait savoir qu’elle deviendrait dépendante.»

Voleuse malgré elle

Pour arriver à se payer toute cette drogue, Laura n’a autre choix que de commencer à voler. Ses parents d’abord, à qui elle parvient à soutirer de précieux dollars, puis les boutiques des centres commerciaux où elle peut dérober jusqu’à plusieurs centaines de dollars de vêtements, laissant ainsi croire à ses parents que l’argent qu’ils lui donnent pour ses dépenses est utilisé à bon escient.

«Mon père s’apercevait qu’il lui manquait de l’argent, mais on dirait qu’il ne voulait pas voir que je lui volais. Il fermait les yeux sur tout. Je me rappelle cette fois où on était en file d’attente dans la voiture pour traverser les douanes vers les États-Unis et je me suis fait une ligne de coke derrière lui. Il n’a rien vu… comme d’habitude!»

Appel à l’aide

Niant longtemps être aux prises avec un problème de drogue, même lorsque ses amis lui laissent entrevoir cette possibilité, Laura se contente de leur répondre qu’elle peut arrêter quand elle le veut. «Mais je ne voulais pas arrêter à ce moment-là parce que j’aimais ça. Mais lorsque j’ai voulu arrêter, je n’ai pas été capable!», affirme Laura qui parle finalement de son problème de drogue à sa mère lors d’une chicane à propos d’un tout autre sujet.

«Elle avait 13 ans et trois mois quand elle m’a avoué qu’elle prenait de la drogue et que c’est son frère qui l’avait initiée. J’étais sous le choc, car je n’en avais aucune idée!» raconte difficilement la mère de Laura qui, dès le lendemain matin, s’est mise à la recherche de ressources pour venir en aide à sa fille.

«Elle le cachait bien, poursuit la mère. Elle avait passé tout l’été chez son père à se droguer. Quand ça t’arrive comme parent, tu ne sais pas où aller chercher de l’aide.»

Le CLSC de son quartier la dirige alors vers le Centre André-Boudreau, aujourd’hui connu sous le nom Centre de réadaptation en dépendance des Laurentides.

Au départ, les rencontres entre Laura et son intervenante n’ont pas donné de résultats immédiats, même que Laura continuait de fumer de la drogue en cachette. Ce n’est que lorsqu’elle est impliquée dans un accident de voiture qu’elle réalise l’ampleur du problème pour la première fois.

«J’étais avec des amis quand ça s’est produit. Je me suis cogné la tête, je saignais, mais tout ce qui m’importait était de savoir où était ma drogue qui avait roulé quelque part dans la voiture.»

C’est à ce moment, à sa demande et avec l’aide du Centre de réadaptation en dépendance que Laura entre en désintoxication pour une période de neuf semaines.

«C’était difficile, mais je m’en suis sortie! Aujourd’hui, je ne consomme plus et je suis bien mieux dans ma peau!»

Le souper-bénéfice de la Fondation André-Boudreau aura lieu ce vendredi à l’école des-Studios de Saint-Jérôme. On espère amasser la somme nécessaire à la construction d’une maison pour accueillir, dans la région, des jeunes qui, comme Laura, seront un jour aux prises avec un problème de drogue.