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Saint-Eustache: Une conseillère municipale payée malgré son absence

Saint-Eustache: Une conseillère municipale payée malgré son absence

Publié le 15/02/2016

Doit-on continuer de verser le salaire d’un élu en congé de maladie pour une longue période? La question a provoqué un vif échange entre le maire Pierre Charron et ses citoyens lors de la dernière séance du conseil municipal de Saint-Eustache, tenue le lundi 8 février dernier.

Le cas en litige? Une conseillère municipale qui manque les séances du conseil et n’est pas disponible pour ses citoyens depuis neuf mois, selon le calendrier de certains citoyens. Or, son absence pourrait se prolonger puisqu’elle souffre d’un cancer.

Ignorant sa maladie, le citoyen Yvan Lévesque a demandé des comptes au maire à ce sujet. Juste avant, le citoyen Robert Lorrain suggérait au maire de réduire le nombre de districts électoraux de dix à huit afin d’alléger la charge de salaires à verser, idée qu’approuve M. Lévesque.

Depuis quelque temps, un deuxième siège reste vide autour de la table lors de la séance mensuelle. L’absence des deux conseillères soulève des questions et la séance se déroule avec huit conseillers.

Plus de responsabilités

Le maire Charron voit les choses autrement. En redonnant du pouvoir aux municipalités, le gouvernement a aussi pelleté davantage de responsabilités dans leur cour. «Les choses ont changé», a-t-il fait valoir.

«C’est facile d’avancer qu’on va sauver deux salaires de conseillers en réduisant les districts. Mais la somme de travail est extrêmement différente (qu’auparavant). Il y a beaucoup d’organismes à Saint-Eustache et le citoyen est plus demandant et s’adresse plus à ses élus. On ne serait pas capable de répondre adéquatement. La démocratie, lorsque raisonnable, elle a un prix», leur a-t-il signifié.

Actuellement, ses conseillers reçoivent un salaire annuel frôlant 30 000 $, incluant leur participation à des comités, mais excluant leur compte de dépense. Pour la plupart, il s’agit cependant d’un salaire secondaire.

Le citoyen Lévesque considère qu’en percevant toujours son salaire, la conseillère absente profite d’avantages liés à son titre d’élue, ce dont elle ne bénéficierait pas en tant que simple employée de n’importe laquelle entreprise. «Comme ça, s’il y a une épidémie et que vous tombez tous malades, vous serez tous payés?», a-t-il demandé au maire Charron avec ironie.

Politicaillerie

Ses propos ont fortement indisposé la table du conseil. «C’est de la politicaillerie de bas niveau», a commenté M. Charron, en ajoutant que l’absence prolongée de la conseillère est «médicale et non farfelue». Sur l’accord unanime du conseil municipal, il a été convenu de la garder en fonction et de lui verser son salaire d’élue.

En fin de séance, la conseillère indépendante Julie Desmarais a dit approuver la décision du maire. «Moi, j’en ai eu un cancer au cours de mon premier mandat, de 2000 à 2005. J’aurais aimé qu’on vote une extension pour que je continue de me soigner au lieu de me pointer ici et un peu toute croche.»

«C’est inacceptable ce qui s’est passé ce soir. La démocratie, ce n’est pas de dire n’importe quoi et n’importe comment. Ce n’est pas vrai que l’on doit tomber tout le temps sur le dos des élus. Moi, je n’accepte plus de me faire parler sur ce ton», a lancé Mme Desmarais, à l’issue de cette séance du conseil municipal.