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Pourquoi financer le privé?

(Photo Michel Chartrand) – À la table des syndiqués pour l’école publique, il y a les vice-présidents Pierre St-Jacques et Chantal Daigle, du Syndicat de l’enseignement secondaire des Basses-Laurentides, et leur président, Martin Lauzon, la présidente Johanne Bertrand, ainsi que les vice-présidents Michel Paquette et Madeleine Auclair, pour le Syndicat de l’enseignement de la Seigneurie-des-Mille-Îles.

Pourquoi financer le privé?

Publié le 20/10/2009

La Journée mondiale des enseignants et des enseignantes aura été une occasion de convergence des syndicats avec les fédérations de comités de parents comme des directions d’établissements, une coalition somme toute peu naturelle qui décrétait la Semaine pour l’école publique.

2LPsemaine école publique 10-10/noi

10 octobre 2009

Code 2

3231 cars (14,5 pces)

corr. lucîe

Photo horizontale: MC_2009_10_06_12327.jpg

Luc Proulx

lproulx@groupejcl.com

Et vous aurez deviné qu’on a vite décrié le financement, à hauteur de 60 %, des écoles privées, qui puisent ainsi dans les budgets du ministère de l’Éducation, en effectuant une ponction des meilleurs élèves, dénonce-t-on.

Donnons quelques chiffres pour imager l’importance de cette école publique qui dessert une population estudiantine de 1 250 000 jeunes, ce qui occupe le temps de travail de 150 000 personnes. Voilà un demi-siècle que la réforme de l’éducation a fait bondir le taux de scolarisation dans la Belle Province, bien que l’on observe encore que le quart de la population soit sans diplôme de secondaire, soit 1,2 million de personnes.

Malgré ses difficultés, par ailleurs analogues à nombre de pays industrialisés et pires encore chez nos voisins du Sud, un sondage CROP express établissait que 77 % des répondants font une évaluation positive de l’école publique et que 62 % désapprouvent les subventions d’État aux écoles privées. Nous voilà donc au cœur du litige.
«Quand un élève a de la difficulté dans le public, on met en branle une panoplie de solutions et l’on fait tous les efforts pour le soutenir. Quand un élève a de la difficulté dans le privé… on l’envoie au public», blâme Martin Lauzon, président du Syndicat de l’enseignement de la Seigneurie-des-Mille-Îles.

On s’étonne, dans ce regroupement de défenseurs de l’école publique, dont la comédienne Claire Pimparé se fait porte-parole, que l’on accepte en éducation une promotion du privé que l’on décrierait en santé.
«L’école publique est l’un des facteurs clés, ainsi qu’un rempart contre la pauvreté dans notre société. Elle est d’abord et avant tout un droit et une accessibilité à l’éducation», plaide cette coalition, pour critiquer du même souffle l’accès limité et la sélection du privé sur une base économique et de performance.

Selon une étude menée par la Fédération autonome de l’enseignement, ce sont en fait 14 600 000 $ que les contribuables investissent dans ces écoles privées que, bien souvent, ils ne pourront jamais fréquenter. Et la même recherche atteste que ce financement privé dépasse les 60 %, puisque cette cote est établie sur les coûts du public, alors que le privé déduit des reçus aux impôts, voire des déboursés pour l’enseignement religieux.

On émet aussi un doute sur la performance qui nourrit certains palmarès, du fait que l’on retourne nombre d’élèves du privé en situation d’échec vers le public, avant qu’ils ne se commettent aux examens du ministère.

Bref, les enseignants du public en ont visiblement assez de voir le privé écrémer leur clientèle et leur retourner leurs échecs, tout en pigeant allègrement dans le budget du ministère, et l’on réfute l’argument que la perte des subventions ferait fermer ces écoles élitistes.
«Mon école, je l’aime publique», de plaider les enseignants et enseignantes du primaire et secondaire comme en formation continue, que l’on célébrait en cette première semaine d’octobre.