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Pinède d’Oka: «Il faut être fou pour toucher à ça!»

On voit ici le territoire qui comprend la pinède d’Oka.

Pinède d’Oka: «Il faut être fou pour toucher à ça!»

Publié le 10/02/2021

Promoteur du Domaine des Collines à Oka depuis 2004, Grégoire Gollin a acheminé une lettre au journal, la semaine dernière, afin de répondre aux allégations véhiculées à son sujet par le maire d’Oka, Pascal Quevillon, et par le Grand chef Mohawk de Kanesatake, Serge Otsi Simon, en entrevues avec nous, à la fin de janvier. Nous l’avons rencontré à son tour. Les entrevues intégrales avec ces trois protagonistes sont disponibles sur la page YouTube du journal L’Éveil.

Grégoire Gollin est bien connu à Oka. Mais l’est-il vraiment? Son nom revient régulièrement dans les conversations lorsqu’il est question de la Pinède d’Oka.
Originaire de la Vénétie, en Italie, M. Gollin est issu d’une famille d’agriculteurs. À l’âge de 21 ans, en 1973, détenteur d’une bourse, il a immigré au Québec pour étudier l’administration.

«Je n’avais pas dans l’idée de rester ici, mais de retourner chez moi. Toutefois, à 21 ans, on prend rapidement racine!», explique-t-il lorsque rencontré dans nos locaux, vendredi. Voulant s’éloigner du tumulte de la métropole, c’est «par hasard» qu’il dit être «tombé» sur la région après avoir acquis son premier véhicule.«Je me rappelle m’être dit : wow, c’est beau ici. Il y a de la place. Et les gens étaient très accueillants. Je me suis reconnu dans les gens. Et puis voilà, je m’y suis acheté une maison avec ma blonde. Ça fait donc un demi-siècle que je suis ici».

Grégoire Gollin a donc vécu la crise d’Oka, en 1990, et est conscient des tensions qui existent, depuis, avec ses voisins de Kanesatake.

«Je n’avais jamais été sensibilisé au colonialisme. Par contre, je savais ce qu’était la discrimination et je connaissais ce sentiment d’être rejeté. Car lorsqu’on change de pays comme je l’ai fait, tout le monde n’est pas très accueillant. On est toujours l’étranger.»

La Pinède

Dans la lettre qu’il écrit en réponse, notamment, aux propos du maire Pascal Quevillon, et qui est disponible dans son intégralité en visitant le [gregoiregollin.com], il parle évidemment de l’adoption par le conseil municipal d’Oka, en décembre dernier, de ce règlement désignant désormais la Pinède d’Oka comme site patrimonial. Grégoire Gollin affirme s’interroger sur «l’intention réelle» derrière ce règlement. «Pourquoi en rajouter une couche?», se questionne celui qui avait pourtant déjà paraphé une entente avec le Grand chef à l’été de 2019, conscient que les terres convoitées abritent les ancêtres des Mohawks.

«Ce nouveau règlement ajoute un pouvoir de contrôle quasi total et d’autres restrictions sur un territoire déjà complètement rezoné «conservation» depuis près d’un an, rezonage qui fut accepté sans aucune controverse. Mais Il vient aussi bouleverser les droits ancestraux et la relation sacrée des Mohawks ancrés dans cette forêt».

«Un geste provocateur»

En 2005, avant de toucher à cette terre qu’il venait d’acquérir, Grégoire Gollin a pris la peine de rencontrer les décideurs de l’époque, dont le maire d’Oka, Yvan Patry, de même que les chefs du conseil Mohawk de Kanesatake. Le promoteur a vite compris que ces derniers avaient la ferme intention de faire respecter leurs droits.

«Ce fut un échange cordial. Je me rappelle que l’un des chefs, le chef Raymond, m’avait même dit que c’était la première fois qu’un Colon les consultait au sujet de leurs terres. Mais j’ai dû prendre un engagement, soit de respecter la Pinède, où sont leurs ancêtres. J’ai pris cet engagement! Je leur ai dit que j’avais l’intention de lotir à côté et ils m’ont donné leur accord. C’était un engagement qui allait de soi. Il faut être fou pour toucher à ça!».

Grégoire Gollin craint que le règlement municipal adopté en décembre ne fasse que raviver les tensions qui existent déjà entre Oka et Kanestake, alors que c’est dans un esprit de réconciliation qu’en juin 2019, il a signé avec le Grand chef Serge Otsi
Simon une entente dite «Déclaration de Compréhension Mutuelle». Celle-ci portait sur deux actions concrètes. La première action concerne un projet de conservation pour la partie de la Pinède lui appartenant, dans le but d’en faire la toute première Aire Protégée de Conservation Autochtone (APCA) au Canada, créée via un don écologique. La seconde action est un moratoire sur le développement de ses terrains non-lotis du Domaine des Collines.

«On peut donc comprendre que la communauté Mohawk reçoive ce règlement comme un geste provocateur, discriminatoire, anti-réconciliation, une violation de droits reconnus et protégés», a conclu Grégoire Gollin qui invite les citoyens à prendre connaissance de sa lettre sur le [gregoiregollin.com]. Elle est aussi disponible dans la section «lettre ouverte» de [leveil.com].

Pour écouter l’entrevue intégrale, c’est ici: [www.youtube.com/watch?v=zsCiy81Iy8E&t=4s].