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Nicole Franc ou l’engagement dans les soins palliatifs

(Photo Michel Chartrand) – Depuis huit ans, Nicole Franc est bénévole aux soins palliatifs du Centre Drapeau-Deschambault.

Nicole Franc ou l’engagement dans les soins palliatifs

Publié le 05/04/2011

N.D.L.R.) — Dossier «Soins palliatifs» Au cours des prochaines semaines, vous retrouverez dans les journaux L’ÉVEIL et LA CONCORDE une série d’articles sur des femmes et des hommes de la région, rencontrés à la Maison de soins palliatifs à Saint-Eustache et au Centre Drapeau-Deschambault de Sainte-Thérèse, qui sont concernés ou en lien direct avec les êtres humains en fin de vie.

Le bénévolat revêt plusieurs formes. Certaines personnes s’engageront auprès des enfants, quelques-unes se dirigeront vers les organismes de bienfaisance ou d’autres, comme Nicole Franc, opteront pour les soins palliatifs.

Choisie à titre de représentante de la vingtaine de bénévoles qui travaillent dans l’aile palliative du Centre Drapeau-Deschambault pour les besoins de cette entrevue, Nicole Franc, 70 ans, affiche une sérénité à toute épreuve au milieu des tribulations que vivent les patients.

Le vocabulaire riche et varié, la pensée convergeant toujours vers l’entraide, Nicole Franc et ses camarades ont compris l’essentiel: l’écoute est primordiale à ce stade-ci de la vie.

Parce qu’ils sont tous ou presque âgés dans la soixantaine avancée (exception à la règle, une dame âgée de 53 ans), les bénévoles des soins palliatifs ont compris que seul le bagage de la vie permet cette ouverture, voire cette meilleure connaissance du passage obligé. Ayant été eux-mêmes confrontés à la mort d’un ou de plusieurs proches, ils sont à même de comprendre les étapes que traversera la famille dans le processus du deuil. Exit la supériorité ou la condescendance, pour une fois, l’âge (âgé) devient un privilège, un avantage et un atout dans les accompagnements de fin de vie. Un équilibre caractérisé par du savoir et des connaissances que seules les décennies d’une vie peuvent acheter.

Confronter sa propre finalité

Par deux fois, l’équipe de bénévoles a vu l’arrivée de deux quadragénaires prêtes à tenter l’expérience. Or, la charge émotive lourde alliée à une vie de famille prenante ont malheureusement écourté les moments de bénévolat, et ce, même si le bon vouloir du début était présent. Toutefois, Nicole Franc ne serait pas étonnée de les revoir un jour, mais plus tard.

«Il faut avoir du temps. Nous sommes tous des retraités, ici. Et vous savez, ça prend une certaine expérience de vie, car cela vous confronte à votre propre finalité.»

Et elle?

«Moi? Ça fait longtemps que j’ai réglé ça. Ça arrivera quand ça arrivera», dit-elle avec un grand sourire.

Du fait de leur présence, de leur disponibilité d’esprit, de leur humilité et de leur esprit de jugement, les bénévoles se ressourcent aussi grâce à leur code de déontologie qui leur rappelle les règles principales à ne pas perdre de vue. «Il ne faut pas oublier que les gens qui sont ici vivent leurs derniers moments. Par conséquent, leur chambre devient leur maison, leur dernier territoire, d’où l’importance de respecter hautement ce lieu», dit-elle.

Les bénévoles peuvent cumuler plusieurs rôles, dont celui de conduire le patient et sa famille jusqu’au trépas.

«J’ai accompagné plusieurs personnes en fin de vie. Je trouve cela apaisant, c’est une étape dans la vie. Ici, ce sont les vraies affaires qui se passent, on ne peut pas tricher…», mentionne-t-elle.

Comme tous les autres, Nicole Franc témoigne de l’intensité de la vie qui se dégage aux soins palliatifs: «Les gens sont très vivants, ils vivent intensément.»

La chandelle de la vie

Signe indéniable du respect de la vie, le décès de chaque patient est signalé avec délicatesse et distinction au moyen d’une petite chandelle électrique que l’on allume. Sitôt le corps sorti de l’aile palliative, cette dernière s’éteindra, emmenant avec elle un nom, un âge, un sexe, un être qui est resté vivant jusqu’à la fin.