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Photo Reine Côté – Le maire Pascal Quévillon et les membres de son administration avaient convié les Okois à une séance d’information au sujet du litige territorial entre Oka et Kanesatake.

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Photo Reine Côté – Quelques membres de la communauté mohawk ont manifesté à leur façon devant l’église.

Les résidents craignent une autre Crise d’Oka

Publié le 23/07/2019

Inquiets des vives tensions actuelles entre le territoire de Kanesatake et leur petite municipalité, les Okois craignent de revivre une seconde Crise d’Oka. Bien qu’ils appuient la position défenderesse de leur maire Pascal Quevillon, qui souhaite à tout prix éviter que le village se retrouve enclavé par la communauté mohawk, les citoyens le pressent de chercher des solutions pour éviter une nouvelle crise.

Aussi, le mercredi 17 juillet dernier, en soirée, l’église de l’Annonciation d’Oka était bondée de résidents okois, venus assister à la séance d’information de l’administration Quevillon entourant le différend entre sa municipalité et Kanesatake, sur le développement domiciliaire qui prend de plus en plus d’ampleur. Cette assemblée faisait suite à la rencontre citoyenne qu’avait tenue quelques heures plus tôt le chef de bande Serge Otsie Simon, afin de présenter le point de sa communauté sur le conflit.

Cession de terres

Au cœur du litige, des terres vendues aux Blancs jadis par les frères sulpiciens, qui devaient revenir de droit aux Mohawks et pour lesquelles le gouvernement fédéral vient de déposer une offre compensatoire de 128 millions de dollars. C’est sur ce territoire vacant que le promoteur Grégoire Gollin envisageait des projets de construction. À la suite de négociations avec la communauté de Kanesatake, il a convenu de mettre l’ensemble des terres à leur disposition.

Des terres qui représentent 95 % du territoire développable, selon ce qu’en dit le maire d’Oka. À mots à peine couverts, le maire Quevillon a aussi manifesté ses craintes qu’un éventuel étalement mohawk entraine une multiplication de leurs activités commerciales bien connues que sont les cabanes de cigarettes et de cannabis ainsi qu’une dévaluation foncière sur l’ensemble de sa municipalité.

Discorde

La soirée d’information s’est donc déroulée sous le signe de la discorde, tant du côté citoyen que de celui des élus. Les conseillers municipaux Jérémie Bourque, du district des Récoltes, Joëlle Larente, du district de L’Abbaye, ont suivi la conseillère Stéphanie Larocque, du district de la Pointe-aux-Anglais, qui a quitté la table du conseil pour se dissocier du maire dont elle qualifie de «propagande incendiaire» les propos tenus précédemment autour de toute cette affaire. Si certains ont applaudi leur geste, d’autres n’ont pas manqué de leur reprocher de faire de la «petite politique» .

Le maire Quevillon a toutefois fait l’unanimité lorsqu’il a évoqué le droit de ses citoyens au respect. «Nous lançons un message clair au gouvernement fédéral, car il doit prendre en compte la protection des citoyens d’Oka. Nous voulons vivre en paix et en harmonie dans notre municipalité. En déposant cette offre de 128 M$, le gouvernement fédéral reconnaît qu’il a manqué à ses responsabilités» , a clamé le maire Quevillon.

Ce dernier assure avoir de bonnes raisons de s’inquiéter, surtout lorsque «le chef Simon affirme lui-même qu’il n’a pas le contrôle sur le territoire de Kanesatake» , a-t-il répété à deux reprises au cours de la soirée.

La salve d’applaudissements répétée à chaque fois que le maire Quevillon proclamait qu’il entendait bien continuer à défendre les intérêts de ses citoyens.

Plusieurs citoyens ont pris la parole pour inciter l’administration municipale à tout faire pour préserver la paix en privilégiant la médiation, ou encore, un moratoire.

Du début à la fin de la soirée, le souvenir de la Crise d’Oka était palpable, autant à l’intérieur de l’église qu’à l’extérieur où une poignée de Mohawks faisaient résonner leurs tamtams drapés des couleurs de leur nation.