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<strong>Le rêve américain devenu québécois</strong>

Le restaurateur français Jean‑Pierre Hans pose en compagnie de sa fille Catherine

Le rêve américain devenu québécois

Publié le 11/06/2013

«Mon adaptation a été extraordinaire et je suis tombé en amour avec le Québec. Je n’ai jamais regretté de venir m’établir à Saint-Eustache et ce que j’ai aimé le plus, c’est une qualité de vie remarquable directement reliée à l’histoire de la ville, car les gens sont sympathiques et se connaissent. En fait, c’est comme un gros village.»

C’est en ces termes que Jean‑Pierre Hans, propriétaire du restaurant L’impressionniste, a bien voulu commenter son adaptation chez nous à titre d’immigrant français tout en racontant l’histoire de sa vie.

Jean‑Pierre Hans est né en 1950 au nord-est de la France dans le département des Vosges, région de Lorraine. «C’est le Québec de la France, indique‑t‑il, car les gens là‑bas connaissent le froid et la neige.» Il a appris le métier de gérant et maître d’hôtel à Nice et lorsqu’il a fait son service militaire en parachutisme, il a rencontré un type qui lui a dit qu’il faisait trois fois plus de pourboires que lui alors qu’il travaillait dans les restaurants à Miami.

Le Français avait déjà en tête le rêve américain, mais ç’a été l’élément déclencheur. Il a donc fait une demande de visa de travail pour aller aux États‑Unis. Cependant, il était confronté à trois ans d’attente pour avoir un visa. Pour le Canada, le temps d’attente n’était que de six mois.

«J’ai choisi le Québec, car je ne maîtrisais pas l’anglais et je suis arrivé à Montréal le 13 mars 1972 avec un visa de travail pour un restaurant sur la Place Jacques-Cartier. J’ai marché longtemps dans le Vieux-Montréal lors de ma première journée et je me suis fait dire qu’il n’y avait pas de croissants ici, mais des toasts», dit‑il à la rigolade.

«Quand je suis arrivé au Québec dans les années 1970, ajoute‑t‑il, c’était la fin de la Révolution tranquille. Il y avait une espèce de liberté sexuelle et de folie québécoise. Je me souviens très bien de quelques soirées mémorables du 24 juin, dont un certain Yvon Deschamps sur la montagne du Mont‑Royal qui demandait aux Québécois de ne parler que le français. Vous comprendrez que j’ai été ravi.»

Il a épousé une belle infirmière québécoise en 1974. Il a eu trois enfants. Il a travaillé pendant 14 ans comme maître d’hôtel au Vieux Rafiot jusqu’à ce qu’un client le persuade d’investir pour un nouveau restaurant à Greenfield Park. Après deux ans, le même co‑investisseur qui résidait à Deux-Montagnes lui a proposé d’ouvrir un autre restaurant à Saint-Eustache. Ils ont acheté en 1987 la bâtisse commerciale du 245, chemin de la Grande-Côte, qui abritait un magasin de fruits et légumes, une boucherie et un club vidéo. Ce qui allait devenir après un an de travaux majeurs le restaurant de cuisine française L’impressionniste. Le restaurateur a ensuite fait construire sa maison eustachoise pour y aménager en 1998.

Le restaurant L’impressionniste aura donc 25 ans cette année. Jean‑Pierre Hans a vite compris que pour satisfaire une clientèle de Québécois en restauration, ça prend de la gentillesse et de l’honnêteté. «Un couple et un restaurant, dit‑il, c’est à peu près la même chose. Si ça tient cinq ans, la suite devient plus facile. On vieillit en même temps que notre clientèle.Les Québécois sont l’un des peuples au monde les plus conciliants, mais ne leur mens pas, sinon tu vas les perdre comme clients et comme amis.»

Selon Jean‑Pierre Hans, en raison de la récession économique qui frappe durement l’Europe et la France présentement, il faut s’attendre à beaucoup d’immigrants français au cours des prochains mois, car il considère le Québec comme une terre d’accueil naturelle pour ses compatriotes qui parlent la langue d’ici.