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Le grand chef Simon en a assez

Photo Christian Asselin – Serge Otsi Simon, grand chef du conseil mohawk de Kanesatake.

Le grand chef Simon en a assez

Publié le 27/03/2018

Serge Otsi Simon, grand chef du conseil mohawk, de Kanesatake, souhaite envoyer un message clair aux camionneurs qui se présentent sur son territoire pour décharger le contenu de leurs bennes: «Vous n’avez pas d’affaires ici!»

Depuis quatre ans, le grand chef Simon a remarqué une recrudescence de ces camions à Kanesatake. Ils y viennent pour disposer de leurs débris de construction, à rabais et «illégalement», de dire le grand chef Simon, contaminant ainsi le sol mohawk.
«Des fois, il y a 30 camions en ligne qui attendent pour aller domper leur sol contaminé! On a même vu des 100 voyages par jour à l’occasion. Ces entreprises ne veulent pas payer le gros prix pour le faire légalement», lance le grand chef Mohawk, outré.
Vérifications faites, une entreprise de construction peut en effet charger à son client jusqu’à 150 $ pour transporter ses détritus de construction contaminés dans un écocentre. Toutefois, des membres de la communauté mohawk, propriétaires de vastes terres, ne demandent parfois que le quart de cette somme pour le même service. Et les camionneurs en profitent, tout comme les Mohawks. Tous se remplissent les poches.
«Du sol contaminé, ça paye bien! Il y a donc des membres de la communauté qui s’en foutent! Ils sont pauvres, ils vont prendre n’importe quoi. Je leur dis que ce qu’ils font là affecte tout le monde autour d’eux. Certains ont compris, mais d’autres ne veulent rien savoir!»
Poursuites envisagées
Au lieu de s’en prendre à ses membres, le grand chef Simon préfère avertir les compagnies adeptes de cette pratique de se tenir loin de Kanesatake, sous peine de poursuites.
«Nous n’avons plus le choix de poursuivre les entreprises fautives à la cour fédérale. Il faut qu’on en poigne au moins une et qu’on se serve d’elle comme exemple!», a dit le grand chef Simon, qui s’est même déjà planté en plein centre de la route 344 pour arrêter un camionneur et l’invectiver.
«Je m’en venais à pied de chez nous, j’avais un bâton! Je me suis mis en plein de centre de la rue en faisant des gestes pour qu’il s’immobilise. Je lui ai dit de dire à tous ses chums que je ne veux plus les voir ici!»
Le grand chef Simon a bien tenté de communiquer avec certaines entreprises, mais celles-ci ont nié se rendre à Kanesatake. «Hey!, leur a-t-il répondu, vous avez des camions lettrés et ils sont devant moi! Si je vous revois ici, j’appelle mes avocats et je vous poursuis en cour fédérale!»
Souci de l’environnement
Les nombreux cas de cancer recensés récemment à Kanesatake sont au nombre des facteurs qui ont poussé le conseil mohawk à créer, avec l’aide de Québec et d’Ottawa, son département de l’environnement dont le mandat sera la préservation de l’eau, de la terre et de l’air. Le grand chef Simon est conscient que le processus de décontamination en sera un qui s’étendra sur des années, mais il se console en se disant que son équipe environnementale a maintenant les ressources nécessaires pour agir.
«Quand je vois passer ces camions par la fenêtre de mon bureau, a conclu le grand chef Simon, j’ai l’impression que ces camionneurs m’envoient promener avec un doigt d’honneur. Si je n’étais pas grand chef, j’aurais pris mon arme de chasse et j’aurais tiré dans la tête du moteur. Ils sont chanceux que je sois grand chef et que je ne puisse faire une telle chose!»
Nous avons tenté de joindre certaines des compagnies identifiées comme fautives par le Grand chef Simon, mais au moment d’aller sous presse, celles-ci n’avaient toujours pas répondu à nos messages. Ne manquez surtout pas la suite de ce dossier, la semaine prochaine.