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Jean-François Girard: travailleur de rue à Kuujjuaq

Photo Reine Côté

Jean-François Girard a accepté de devenir le premier travailleur de rue au Nunavik.

Jean-François Girard: travailleur de rue à Kuujjuaq

Publié le 22/02/2019

Après une année remplie de rebondissements, le conseiller municipal d’Oka Jean-François Girard a décidé de prendre un long recul en acceptant un défi professionnel à Kuujjuaq. D’ici quelques semaines, il deviendra le premier travailleur de rue du Nunavik.

«J’ai besoin de prendre du recul, mais pas sans rien faire. Ça m’a fait de la peine de perdre ma job à la Maison des jeunes, mais ça m’a donné un coup de pied pour faire autre chose. Je me rends compte que je peux aller ailleurs et me pousser» , confiait l’ex-directeur de la Maison des jeunes d’Oka, il y a quelques jours.

Intervenant sociocommunautaire de formation, l’homme de 47 ans qui a vécu toute sa vie à Oka s’expatrie pour la toute première fois. Cet exil volontaire lui permettra de reprendre contact avec ce qui l’anime définitivement plus que la gestion d’un organisme sans but lucratif (OSBL), le contact humain. Malgré ses déboires professionnels des derniers mois, ses interventions comme travailleur social ont eu un impact positif auprès de bon nombre de jeunes Okois au cours des 13 dernières années.

Le lundi 4 février dernier, pas loin d’une vingtaine d’usagers de la Maison des jeunes d’Oka l’attendaient au Restaurant Plein Air pour le saluer une dernière fois, à quelques jours de son départ pour le Grand Nord. Leur «Surprise!» chaleureux ne laissait aucun doute du souvenir affectueux qu’ils garderont de lui.

«Des jeunes de la Maison des jeunes me disent que j’ai fait une différence dans leur vie» , indique M. Girard, visiblement ému.

Ce dernier a choisi le Nunavik pour poursuivre sa mission humaine. Pour le moment, il s’engage pour un an, question de voir s’il aime sa nouvelle vie en quatre saisons, là où la nuit ne se différencie plus du jour, certains mois, là où le baromètre descend jusqu’à -50 degrés Celsius en hiver.

Un défi de taille

Au Nunavik, seuls deux établissements dispensent des soins de santé, incluant l’aide psychologique. Le Centre de santé Tulattavik de l’Ungava, qui est l’un d’eux, vient de confier à Jean-François Girard la mission de desservir les sept villages qu’il administre le long de la côte de la baie d’Ungava: Aupaluk, Tasiujaq, Kangirsuk, Kangiqsualujjuaq, Kangiqsujuaq, Kuujjuaq et Quaqtaq.

Il se promènera donc d’un village à l’autre en vue d’aider des gens aux prises avec de sérieux problèmes. On l’a prévenu: violence familiale, abus de drogues et d’alcool, et autour d’un suicide par semaine.

Sur un territoire composé à 70 % de jeunes âgés de moins de 25 ans, l’intervenant d’origine amérindienne s’attend à conjuguer au pluriel le mot «défis» , surtout qu’il y déposera ses talons pour la première fois. «C’est l’inconnu pour moi, mais j’aime m’impliquer dans la communauté et je marche aux défis

Jean-François Girard anticipe favorablement l’apport humain inséparable de sa mission. «J’ai consommé de 12 à 20 ans. J’ai tellement dérapé que je ressens le besoin d’apporter quelque chose aux gens

Pour un temps, il laisse ici sa conjointe et ses enfants qui approchent la vingtaine. Il viendra les voir tous les trois mois, comme le prévoit le plan de travail au Nunavik.

Pour l’heure, il s’agit d’une période d’essai. S’il décide d’y demeurer au-delà de trois mois, le conseiller municipal devra démissionner du conseil municipal d’ici le début de l’été.