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Jardins solidaires: Réduire le gaspillage alimentaire en milieu agricole

Sandrine Contant-Joannin et Roland Joannin montrent ici une partie de la récolte de courges effectuée sur la parcelle de terrain qui leur a été prêtée par Philippe Brunet. 

Jardins solidaires: Réduire le gaspillage alimentaire en milieu agricole

Publié le 28/07/2015

Le fait est connu de tous: des millions de tonnes de nourriture finissent malheureusement à la poubelle ou pourrissent avant d’être commercialisées, et cela, pendant que des millions de gens à travers le monde s’endorment affamés chaque nuit. Chaque geste posé pour éviter un tel gaspillage est donc une heureuse nouvelle en soi. Et, ici même à Saint-Joseph-du-Lac, un organisme sans but lucratif s’emploie justement à œuvrer pour réduire le gaspillage alimentaire, et ce, en milieu agricole.

Cet organisme, c’est l’idée de Roland Joannin, conseiller pomicole bien connu dans le milieu agricole, et de sa fille Sandrine Contant-Joannin, une étudiante universitaire âgée de 23 ans, qui, tous deux, portent à bout de bras la mission de Jardins solidaires.

«Tout a commencé en 2011 alors que j’allais effectuer mon épicerie au marché IGA de Saint-Joseph-du-Lac. Je me fais interpeller par un homme qui était au milieu de la rue et qui demandait de l’argent pour nourrir sa famille. J’ai payé son épicerie pour lui. Ça comme été un flash qui s’est allumé. Je me suis demandé comment on pouvait faire pour aider plus de monde. Et comme ma fille Sandrine œuvrait comme bénévole pour le Comité d’aide alimentaire des Patriotes, il y a eu cette idée de mettre sur pied un organisme comme Jardins solidaires. Comme je suis connu des producteurs agricoles, cela a été assez facile de les solliciter et d’obtenir leur appui», raconte M. Joannin, à qui l’on doit la création d’une nouvelle pomme toute québécoise, la Rosinette, qui a officiellement fait son entrée l’automne dernier.

Dès la première année, à l’été 2011, un projet-pilote est mis sur pied. Roland et Sandrine réussissent à récolter quelques tonnes de fruits et légumes déclassés, c’est-à-dire qui ne répondent pas aux normes de commercialisation en raison de leurs grosseurs ou d’imperfections. Puis, en 2012 et 2013, rien n’est fait puisque les démarches sont plutôt concentrées à la mise sur pied d’un organisme sans but lucratif. Ce qui deviendra réalité au mois de janvier 2014. L’an dernier, ce sont ainsi pas moins de 24 tonnes (1 tonne = 2 204,62262 livres) de fruits et légumes, oui, vous avez bien lu… 24 tonnes, qui ont été récoltées chez une vingtaine de producteurs, mais aussi au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel, basé dans le secteur de Sainte-Scholastique.

D’autres entreprises s’associent également à Jardins solidaires en fournissant des semences ou un réfrigérateur, de l’engrais, ou encore en imprimant gratuitement le dépliant de l’organisme ou en effectuant gracieusement les réparations du «pick-up» utilisé par Roland et sa fille Sandrine.

Aussi, l’organisme s’est fait prêter, gratuitement encore une fois, deux parcelles de terre sur lesquelles sont cultivés, dans un premier cas, des courges de toutes sortes et du chou kale, de même que, dans un deuxième cas, des pommes de terre. Les parcelles sont prêtées par Philippe Brunet et Olivier Dumoulin, tous deux de Saint-Joseph-du-Lac. On y cultive environ deux tonnes de légumes, avec l’aide d’une bonne trentaine de bénévoles qui voient notamment au désherbage, au buttage, au glanage et à la cueillette.

Une fois récoltés, les fruits et légumes sont acheminés au Comité d’aide alimentaire des Patriotes, basé à Saint-Joseph-du-Lac, qui verra soit à les transformer immédiatement en sauce, soupe ou confiture, par exemple, ou à les redistribuer à une quinzaine d’organismes œuvrant auprès des familles démunies dans les sept municipalités de la MRC de Deux-Montagnes et dans la partie sud de Mirabel. S’il y a des surplus, les denrées sont alors réacheminées à Moisson Laurentides.

«Mine de rien, ce sont 2 000 adultes et 500 enfants qui en bénéficient. Ce ne sont pas seulement des familles où le père et la mère ne travaillent pas, mais aussi des familles qui ont peine à joindre, malgré un travail, les deux bouts. Le monsieur dont je parlais tout à l’heure n’avait rien d’un mendiant; il était bien habillé, mais n’avait pas l’argent nécessaire pour nourrir sa famille. Ces chiffres en surprennent toujours plus d’un, et c’est pourquoi la collaboration des producteurs agricoles est facile à obtenir. Mais, il nous faut être disponibles à tout moment pour aller chercher les denrées quand les agriculteurs nous appellent. Cela peut être un dimanche soir, quand les épis de maïs n’ont pas tous été vendus durant la journée», raconte M. Joannin.

Selon Sandrine Contant-Joannin, l’organisme Jardins solidaires bénéficie, à sa deuxième année d’existence, d’un bel appui du milieu agricole, des bénévoles recrutés et des politiciens. Mais les besoins sont grands et le gaspillage encore important. «Les dons de matériel agricole en tout genre et d’argent sont toujours les bienvenus, tout comme les dons de légumes ou de fruits déclassés. Et, bien sûr, nous sommes toujours à la recherche de bénévoles!» indique celle-ci en guise de conclusion.

Pour en savoir davantage: 514 778-0829, 450 983-2288, [www.jardinssolidaires.ca] ou [www.facebook.com/jardinssolidaires].