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Des modifications au règlement qui ne font pas l’unanimité

Des modifications au règlement qui ne font pas l’unanimité

Publié le 03/05/2019

Cela fait maintenant onze ans qu’Annie Sylvestre et son conjoint, André Fortin, font l’école à leurs enfants, à leur domicile de Saint-Eustache. Le couple dénonce la décision de l’actuel gouvernement du Québec et de son ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, de lancer un nouveau projet de modification du règlement qui concerne l’école à la maison.

Cette année, les Eustachois s’occupent à l’instruction de deux de leurs enfants, soit Guillaume, 16 ans, et Maxime, 14 ans. L’aînée de la maisonnée, Jade, âgée de 18 ans, a réintégré les études au niveau postsecondaire, depuis deux ans. Sa mère assure qu’elle s’y distingue très bien.

Les parents ont donc pris cette décision, en tenant compte de motivations précises. À leur avis, l’option de l’école-maison, structurée et déjà bien encadrée par le ministère de l’Éducation, offre une certaine liberté de choix au niveau du curriculum (matières enseignées, matériel utilisé), selon les intérêts de leurs enfants et le rythme familial. Elle donne le choix d’une formation individualisée, avec plus de temps libre pour les passions et les apprentissages dans «la vraie vie» .

En outre, toujours selon la famille, cette manière de faire permet le développement d’une meilleure unité familiale et un phénomène de «co-apprentissage» , grâce à l’organisation de projets nombreux, de sorties variées, d’activités éducatives et sociales et de voyages parents-enfants, entre autres.

D’après Annie et André, ils sont «les mieux placés» pour enseigner à leurs enfants, sans pour autant dire que l’école publique est une mauvaise option. Après tout, «il n’y a pas qu’un seul chemin qui mène à Rome» .

Des modifications

Cependant, le 27 mars dernier, un nouveau projet de modification du règlement sur l’école-maison a été soumis par le ministre provincial Jean-François Roberge, pour application en juillet 2019.

Celui-ci obligerait, entre autres, une utilisation obligatoire du programme d’étude du gouvernement québécois, ce qui n’est pas le cas actuellement pour les maisonnées, qui profitent, rappelons-le, d’une marge de manœuvre à ce niveau. En outre, les examens du ministère seraient obligatoires pour ces étudiants, autant au primaire qu’au secondaire, et ce, pour chaque fin de cycle.

Ceci sans parler du fait que la Table de concertation nationale en matière d’enseignement à la maison, créée sous le précédent gouvernement libéral, fut suspendue depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition Avenir Québec (CAQ), aux dires de la mère, Mme Sylvestre. Cette Table a pour mission de conseiller le ministre au sujet de l’école-maison.

Des conséquences

Cela dit, la mère mentionne que ces mesures porteraient atteinte aux libertés des enseignants à domicile. Les parents de Saint-Eustache discutent même d’une atteinte grave, au cœur même de ce qu’est l’école-maison, ainsi que d’un bris de confiance avec le gouvernement provincial.

Pour la famille Sylvestre-Fortin, ces mesures présentent également un risque potentiel quant à l’avenir de leur propre école-maison, en cas d’échec aux examens obligatoires du ministère de la part de leurs élèves et garçons. Il s’agit ici, selon eux, d’un mode d’évaluation «controversé» et non représentatif de l’apprentissage vécu par leurs propres enfants, comme elle l’explique plus bas.

«Ce projet vient imposer unilatéralement le programme du ministère dans les matières de bases, comme s’il s’agissait de l’unique programme valable en éducation, entravant la possibilité qu’ils avaient de choisir des programmes et activités d’apprentissage adaptés au rythme et aux intérêts de leurs enfants» , résument bien les parents, dans une lettre destinée au ministre Roberge, datée du 4 avril dernier.

«De plus, que leur évaluation puisse se faire par des examens ministériels est une possibilité valable qu’ils peuvent choisir s’ils le veulent, mais qu’elle leur soit imposée comme l’unique voie recevable m’apparaît plutôt intransigeant, mal adapté au contexte qui est le leur et non représentatif des apprentissages variés qu’ils prodiguent à leurs enfants» , poursuivent-ils.

Pour en apprendre davantage

Cela dit, Annie Sylvestre mentionne que les citoyens touchés et intéressés par ce dossier ont jusqu’au 10 mai 2019, afin de signaler tous points de vue auprès du ministère de l’Éducation, et de son ministre, M. Roberge.

Elle invite également ces intéressés à la lecture d’un communiqué de presse publié, de l’Association chrétienne des parents éducateurs du Québec (ACPEQ), qui représente quelque 400 familles, soit plus de 1 200 enfants éduqués à la maison. Il est donc possible de visiter ce lien pour lecture: [https://www.acpeq.org/fr/communique-lacpeq-appelle-au-dialogue/].