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<strong>Le doute</strong>


Le doute

Publié le 30/10/2012

Doute, méfiance, manque de confiance, cynisme, voilà autant de synonymes qui reviennent dans les bulletins de nouvelles locales, politiques ou sportives. Non, je ne vous parlerai pas de la commission Charbonneau, le sport a suffisamment de chats à fouetter sans se fourrer le nez dans la politique, la mafia ou la construction.

Juste pour vous faire plaisir, je me suis installé devant mon téléviseur pour regarder le premier match des Séries mondiales de baseball. J’y ai vu le gros (ici, je pèse bien ce mot) Pablo Sandoval catapulter trois balles dans les gradins, permettant ainsi à son équipe de San Francisco de pulvériser les minets de Détroit par le pointage de 8-3. Sandoval devenait ainsi le quatrième joueur seulement à avoir réussi un tel exploit en Séries mondiales. Le lendemain au bulletin de nouvelles de la SRC, Anne-Marie Dussault demandait à Marie-Josée Turcotte si on n’allait pas tarder à découvrir que le Sandoval en question carburait à autre chose qu’à l’eau claire? Le doute!

Deux jours plus tôt, l’Union cycliste internationale avait déchu Lance Armstrong de tous ses titres, dont sept Tours de France. Quelques jours plus tard, le Tour de France dévoilait son prochain parcours comprenant deux fois l’exigeante escalade de L’Alpe-d’Huez. Tous les experts s’accordent à dire qu’il s’agira là du parcours le plus difficile à n’avoir jamais été imaginé. Peut-on venir à bout de ce parcours en carburant à l’eau claire? Le doute!

Vous qui jouez au tennis et qui entre les matchs vous abreuvez à l’eau claire, comment penseriez-vous pouvoir tenir entre quatre et cinq heures sous une chaleur de 40 degrés à l’Open d’Australie? C’est pourtant ce que font les Nadal, Federer, Djokovic, Murray et compagnie en échangeant des balles qui vont et viennent à 90 milles à l’heure. Bien que le tennis n’ait été terni par aucun scandale jusqu’ici, n’y a-t-il pas la moindre interrogation quant au carburant utilisé par tous ces champions? Le doute!

Au hockey, notre cher sport national en train de moisir sur le banc par les temps qui courent, on nous jure que les tests ponctuels et impromptus empêchent les athlètes de se doper et que les rares cas de dopage ont été immédiatement et sévèrement punis par des suspensions exemplaires. Mais à voir s’élargir certaines épaules entre l’été junior et la première saison professionnelle, peut-on jurer que les gymnases en sont les seuls responsables? Le doute! Et je ne vous parle pas ici de tous ces sports reliés aux Jeux olympiques. Là, il n’y a plus de doute depuis longtemps. Le cynisme l’a remplacé.

Et pourtant, les spectateurs continuent d’affluer souvent à prix d’or. Et pourtant, les réseaux des sports se multiplient puisque la clientèle, les commanditaires et les cotes d’écoute sont en constante croissance. Et pourtant, l’adulation portée à plusieurs de ces fraudeurs ne se dément pas. Que pouvons-nous y faire, nous qui réclamons constamment de meilleures performances, plus vite, plus haut, plus fort? «Citius, altius, fortius», la devise du mouvement olympique. Sauf qu’à l’origine, cette devise était «une invitation à donner le meilleur de soi-même et vivre ce dépassement comme une victoire». L’argent et la gloire auront eu vite fait d’avoir raison de cette noble devise. Tous les moyens étant bons pour parvenir à richesse et gloire, ce n’est pas demain la veille que nous en aurons fini avec le doute.