logo journal leveil
icon journal
Jouer sa tête

Jouer sa tête

Publié le 26/01/2011

Il aura fallu que Sydney Crosby soit la victime d’une commotion cérébrale à la suite de deux mises en échec, dont je vous laisse le soin d’évaluer le degré de légalité, pour relancer le débat sur les coups à la tête, les mises en échec à partir des angles morts (blindside) et leurs conséquences néfastes. Au fait, il m’apparaît plutôt singulier que Crosby, qui ne participera vraisemblablement pas au match d’étoiles, ait attendu d’en être victime pour sortir de son mutisme jusque-là assez complaisant, merci. Ceci étant dit, il reste que le problème demeure entier et qu’il doit être résolu au bénéfice des joueurs et de la crédibilité de la LNH.

Pour guérir un mal, il faut en connaître la source et elle n’est pas facile à cerner. Doit-on éradiquer la mise en échec ou l’enseigner correctement? Doit-on prêcher le respect de l’adversaire (j’allais dire son prochain…)? Doit-on revoir les règlements, mais surtout leur application? Ou finalement, doit-on adapter les surfaces de jeu à la vitesse et au gabarit des joueurs de plus en plus rapides et gros? Facile de trouver la solution, mais pas si facile à appliquer quand on sait les gros sous impliqués et la soif de violence des consommateurs de sport que nous sommes à peu près tous.

La mise en échec est au hockey ce que le plaqué est au football. Enseignée et appliquée correctement, elle vise à empêcher légalement la progression d’un adversaire vers le filet, pas sa décapitation. Au Québec, on ne permet la mise en échec qu’à partir du niveau bantam, l’âge auquel les ados manifestent le plus leur violence. Et côté enseignement, ils n’ont souvent que pour exemple les percutants et sauvages assauts montrés en boucle sur RDS. Et que dire de la fameuse théorie de «finir sa mise en échec»? La finir implique l’avoir amorcée. Combien de fois voit-on un gars foncer sur le dernier porteur de la rondelle alors qu’il se trouve à une trentaine de pieds de ce dernier? Si vous voulez mon avis, il s’agit d’un assaut et quand les officiels appliqueront le règlement, on aura résolu une bonne partie du problème des mises en échec par derrière.

Autre problème dérivé de la fameuse théorie de «finir sa mise en échec», les incontournables, interminables et inutiles bousculades autour de la cage du gardien à la suite d’un arrêt et après le sifflet. Faut bien finir sa course et déranger le gardien n’est-ce pas? Ça fait partie de notre hockey, non? Et là, comme on ne peut pas jeter les gants, on se frappe avec le bâton, ce qui est beaucoup moins dangereux, vous ne trouvez pas?

Le danger de commotions cérébrales n’existe pas que dans le sport professionnel. Il est tout aussi présent dans les rangs mineurs et il faut y voir. Il peut certes se produire un accident fatal, mais il faut reconnaître que le fléau est sournois et que ses effets ne se font souvent ressentir que plus tard. Quant à moi, la solution passe par une meilleure compréhension et un meilleur enseignement de la mise en échec, le respect de l’adversaire (rappelez-vous cette règle d’or «Ne fais pas aux autres ce que tu voudrais qu’on ne te fit»), l’application stricte du livre de règlements et une surface de jeu olympique pour donner plus d’espace aux joueurs talentueux.

En attendant, les aspirants à la LNH tout comme les vedettes de notre beau sport national continueront de jouer leur tête à chaque présence sur la glace.