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<strong>Arts et sport</strong>

Arts et sport

Publié le 07/10/2014

La Presse publiait samedi dernier un intéressant reportage intitulé «Combien gagnent nos comédiens?». À sa lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle entre ces deux mondes que sont celui des arts et celui du sport. Le journaliste Hugo Dumas précise au départ combien il a été difficile d’obtenir des chiffres précis relatifs aux salaires engrangés par les plus grandes vedettes, «aucune des personnes contactées n’a voulu ouvrir ses livres». Ils ont cependant appris que les cachets touchés par les comédiens varieraient entre 1 000 $ et 5 000 $ par jour de tournage. Dumas écrit «Est-ce scandaleux? Pas du tout. Si ces étoiles encaissent des sommes aussi costaudes, c’est qu’elles en rapportent pas mal plus aux réseaux de télévisions.»

Les sportifs de haut niveau n’invoquent-ils pas le même argument? Le seul hic pour ces athlètes, c’est que leur salaire est étalé à pleine page des sections sportives des journaux de la planète. Vous me direz que le petit salaire de ces artistes québécois évalué au mieux «dans les six chiffres» ne se compare en rien aux 72 millions consentis à P. K. pour huit saisons. Moi, je vous répliquerai que les milliards de revenus engrangés par la LNH ne se comparent certainement pas non plus à ceux de nos réseaux de télévision subventionnés par des fonds publics.

Plus loin, une directrice d’agence avance que «les acteurs sont payés selon la loi du marché… en même temps, je ne trouve pas ça énorme pour un métier qui ne durera pas éternellement.» Tiens donc! N’est-ce pas aussi la loi du marché qui dicte les salaires versés aux athlètes de haut niveau? Si le métier d’acteur ne dure pas éternellement, il me semble qu’on rencontre bon nombre d’acteurs encore très actifs dans la cinquantaine et la soixantaine. Un hockeyeur ou un footballeur commence à se faire déjà pas mal vieux dans la jeune trentaine et sa carrière ne s’étire que très rarement dans la quarantaine. Il ne me semble pas non plus avoir vu beaucoup de comédiens dont la carrière aura été écourtée par une blessure grave ou une commotion cérébrale.

Madame Petrowski parle elle du «Salaire de la sueur» en évoquant les énormes sacrifices et les années de vaches maigres auxquels doivent survivre bon nombre de comédiens. On suggère qu’à peine 1 % des 8 000 quelques comédiens font partie de cette élite grassement payée. Pas beaucoup n’est-ce pas? Et les quelque 600 joueurs de la LNH représentent quel pourcentage de tous ces jeunes hockeyeurs qui évoluent dans les ligues mineures pour des salaires de crève-faim avec l’espoir d’atteindre la Ligue Nationale? Il ne faut pas oublier non plus que ceux qui y sont parvenus l’ont fait en observant une discipline spartiate à laquelle ils continuent de se plier s’ils veulent demeurer au sommet de leur profession. La chroniqueuse poursuit en disant «Apprendre à être comédien est une chose, le devenir professionnellement, une autre. Tant de facteurs incontrôlables entrent en jeu. La chance, le timing, être au bon endroit au bon moment…» N’est-ce pas aussi le lot de tous les athlètes? Et finalement, Madame Petrowski écrit: «… je ne connais pas un seul comédien qui ait choisi de faire ce métier pour faire de l’argent.» Non, et il en va de même pour les athlètes. Si leur seule motivation avait été l’argent, plusieurs n’y seraient jamais arrivés. Athlètes comme comédiens sont guidés par la passion de leur métier.

J’entends tous les jours des récriminations sur les salaires des joueurs de hockey rarement sur ceux des comédiens. Pourtant, toutes proportions gardées, leurs échelles de salaire ont un gros point en commun; la loi du marché. Regardons athlètes comme artistes avec le respect qu’ils méritent tous sans égard aux piastres qu’ils peuvent gagner.