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La réalité des groupes de soutien, vue par les bénévoles de Sercan

Photo Alycia Gauthier – De gauche à droite : Anne Lévesque, Sylvie, Yves-Olivier et Madeleine.

La réalité des groupes de soutien, vue par les bénévoles de Sercan

Publié le 08/10/2023

Lorsqu’on parle de Sercan, il est souvent question de sa maison de soins palliatifs. Mais, avec la même dignité qu’il s’applique à donner à chacun de ses services, l’organisme tient aussi des groupes de soutien aux malades ou aux endeuillés. Quelques bénévoles en charge ont accepté d’en parler.

Madeleine, Yves-Olivier, Sylvie et Francine (qui n’a pu être présente lors de l’entrevue avec L’Éveil, mais qui anime depuis une quinzaine d’années), ont tous en commun d’être en contact régulier avec le cancer et ce qu’il engendre au niveau émotionnel.

« En s’exprimant au sein d’un groupe de personnes qui vivent avec la même maladie, [les gens] s’aident à voir plus clair en eux, dit Madeleine. Ils partagent des expériences. Ils reçoivent des pistes de réflexion et d’action. »

Sentiment de perte, colère, révolte sont alternés avec joie et même impression de victoire durant les séances des « lieux d’expression sur le cancer ». Pendant un an, ils se présentent à leur gré aux groupes ouverts et participent à des ateliers ludiques. Pendant un an, ils se réconcilient avec leur réalité, progressent et partagent ce que, au sein de leur famille, ils n’oseraient pas forcément mettre à découvert. Selon Madeleine, ils se transforment de rencontre en rencontre, à mesure qu’ils apprennent à « aller au fond d’eux-mêmes. »

« J’ai côtoyé la mort »

Sylvie, qui a débuté l’animation cette année aux côtés de Madeleine, est la preuve vivante des bienfaits des groupes de soutien. Personnellement atteinte du cancer, elle s’y rendait depuis déjà trois ans en tant que participante. Sa façon de faire et d’être a vite été remarquée par la vétérane.

« J’ai quand même une bonne connaissance, j’ai fait des cheminements personnels. J’ai des outils », laisse tomber Sylvie, en référence à divers événements du passé qui l’ont forgée.

Elle peut effectivement dire qu’elle a « côtoyé la mort », son fils étant décédé de la même maladie dans la jeune vingtaine. Sylvie se souvient du manque de ressources psychologiques dans les centres de soins de l’époque et de l’impression que son fils et elle étaient « laissés à eux-mêmes », ce que personne ne devrait vivre dorénavant selon elle.

« Si je peux être utile à des personnes qui sont atteintes comme moi, ça me rapporte autant à moi qu’à eux, donc je trouve que c’est une belle expérience. »

Pour les proches, aussi

Les endeuillés sont le domaine d’Yves-Olivier.

« Mon rôle, c’est d’intervenir avec la famille, afin que la famille permette à la personne de partir », explique-t-il.

Pour le bénévole, il s’agit, lors de séances offertes aux proches de mourants, d’enseigner d’abord à ne pas retenir l’être aimé pour qu’il quitte en douceur, puis à concilier avec l’absence. Son approche, tout aussi sensible que celle de ses collègues, demande une minutie particulière et une grande ouverture à l’autre. Il lui faut s’effacer complètement, pour un moment précis, et s’adapter aux besoins variés de la personne qui souffre devant lui.  Yves-Olivier compare le deuil à une forme de désintoxication, qui entraîne une gamme d’émotions qu’un humain n’est pas toujours prêt à vivre.

« C’est de comprendre la douleur des personnes qui n’est pas toujours évident, autant chez le mourant que l’endeuillé. L’endeuillé, lui, va vivre beaucoup de remords et se sent beaucoup abandonné. »

La force de Sercan

D’après Anne Lévesque, coordonnatrice des bénévoles et des transports médicaux, les bénévoles sont indispensables à l’organisme.

« On a des bénévoles remarquables dans leur globalité, dans leur approche de l’aide et dans leur curiosité envers les êtres humains qui vivent des situations. »

L’équipe de Sercan est en processus d’ouverture de groupes ouverts de soir.  Pour l’instant, les rencontres individuelles et les groupes ouverts et fermés existants permettent de « vivre la vie jusqu’à la dernière goutte, au lieu de vivre la mort qui s’en vient », pour reprendre les mots de Madeleine. Le mieux-être psychologique, croient les bénévoles, ne peut qu’aider à atteindre le mieux-être physique.