Sans être en mesure de prédire ce que l’on en dira dans 25 ans, Jacques Ménard estime que le monde entier vit un évènement charnière et qu’une page d’histoire est en train de s’écrire. Pour M. Ménard, il est clair que la crise économique aura un effet non seulement sur nous, mais aussi sur nos enfants.
«Nous sommes à la fin d’un cycle économique qui s’est amorcé en 1983 sous l’administration de Ronald Reagan et qui nous a donné 25 ans de prospérité économique», explique-t-il. Ce boom économique a été stimulé, notamment, par les consommateurs américains. La Chine à elle seule ne peut certainement pas régler les problèmes de l’économie mondiale, même si son économie émergente a été jusqu’à ce jour parmi les plus performantes.
Changements politiques et sociaux
M. Ménard croit aussi que la crise économique marque un tournant sur le plan politique: «C’est la fin de l’ère du néo-libéralisme et de la déréglementation massive», dit-il.
Un autre changement vient bouleverser le monde, cette fois-ci sur le plan social: la fin de l’ère des baby-boomers à la tête de l’État. M. Ménard estime que les valeurs défendues par la nouvelle classe de dirigeants engendreront un dynamisme économique soutenu et non pas artificiel. La nouvelle société privilégie le respect de l’environnement, une meilleure équité entre les couches de la société et la responsabilité citoyenne au détriment de l’individualisme des dernières décennies.
Jacques Ménard croit que même si la croissance économique s’effritait avant août 2007, c’est la crise créée par le PCCA qui a tout fait basculer. «J’avais étudié que les récessions passaient d’un pays à un autre. Ici, tout a freiné d’un coup sec», dit-il. Ce qu’il trouve remarquable, c’est l’ampleur des mesures et des correctifs pris pour faire débloquer le crédit partout dans le monde, la rapidité des autorités monétaires à réagir. «Je n’ai jamais vu une telle baisse systématique des taux», poursuit-il, affirmant que l’économie mondiale sera réglementée plus sévèrement à l’avenir. Tout de même, il estime que quelque 1 000 banques sont appelées à disparaître.