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Regard naïf

Regard naïf

Publié le 08/02/2011

La «zappette», invention divine pour certains et diabolique pour celui ou celle qui ne la contrôle pas, permet d’aller voir ailleurs pendant ces commerciaux trop nombreux. Sauf que, lorsque l’autre se tanne ou que les commerciaux sont synchronisés, on n’a pas le choix. Et c’est ainsi que je suis tombé sur une fort sympathique pub d’un vendeur de beignes, qui porte le nom du célèbre défenseur qui endossait jadis le chandail numéro 7 des Leafs de Toronto.

Cette pub, donc, nous montre des ti-culs jouant au hockey dans la rue ou sur un petit bout de rivière glacée, dans une chambre à se faire lacer les patins par le paternel, un premier but, et ainsi de suite jusqu’au délicieux café en question ingurgité par des spectateurs grelottant dans des arénas déserts. En voyant ce commercial, je n’ai pas pu m’empêcher de remonter dans mes souvenirs et de m’y voir tantôt sur la rivière, tantôt sur la patinoire du village, presque du matin au soir. De me voir comme père arroser la patinoire derrière la maison pour permettre les premiers ébats sur patins de mon fils, de me voir le faire enrager parce qu’il ne pouvait pas me soutirer la rondelle. De me voir geler dans un aréna ontarien en regardant la pratique à 6 heures du matin, à l’encourager des gradins et malheureusement à le gronder pour une performance que je jugeais inférieure à ses capacités. Un vrai père de hockey, quoi!

Du haut de notre supposée expérience de la vie et à un âge où s’émerveiller est presque honteux, notre regard sur notre sport national est souvent critique. On se convainc que ce n’est plus le même hockey que dans notre temps, on en critique les salaires élevés, les paresseux qui nous viennent d’ailleurs, les bébés gâtés de la nouvelle génération et tutti quanti. Notre cynisme d’adulte nous fait oublier comment nous avions pour idoles les Richard, Béliveau, Hull, Gretzky, Lafleur, Bossy, Lemieux et autres. Je regardais le match de dimanche à la télé et on nous montrait de jeunes spectateurs au Centre Bell, les yeux à peine assez grands pour admirer de tout leur soûl ces vedettes à qui ils voudraient tant ressembler. Pensez-vous que ces jeunes amants du hockey s’en fichent que le 46 en soit à son sixième match sans avoir compté, que le 57 ne soit pas fiable en défensive ou que le 76 soit un peu trop hot-dog? Dans quelques années bien sûr, ceux qui vénèrent et adulent aujourd’hui les Crosby, Ovechkin et Subban se diront sans doute eux aussi que le hockey a bien changé et se feront les critiques de la nouvelle génération. On n’arrêtera pas la terre de tourner!

Il y a eu le week-end dernier à Saint-Jean-sur-Richelieu le Championnat québécois de hockey d’antan, disputé sur la rivière du même nom. Cette semaine s’ébranle à Saint-Eustache le 36e Tournoi bantam et samedi prochain, CBC présentera son annuel Hockey Day «a mari usque ad mare». Trois événements qui célèbrent ce sport dans toute sa naïveté et sa simplicité tel que pratiqué par des jeunes qui ne demandent rien de plus que de s’amuser en comptant des buts au grand plaisir de leurs parents. Je vous encourage à vous rendre cette semaine au complexe Walter-Buswell durant le Tournoi bantam assister à ces matchs, pas seulement ceux disputés par les équipes de classe AA, mais aussi ceux des classes A et B. C’est peut-être là que vous y redécouvrirez le vrai sens de notre sport national…