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Les Rendez-vous amoureux charment le public

(Photo Yves Déry)

Les Rendez-vous amoureux charment le public

Publié le 18/02/2011

Il fallait être amoureux des mots alors que La Comédie Humaine, dirigée par Martin Lavigne, nous présentait Les Rendez-vous amoureux au Centre d’art La petite église, de Saint-Eustache. Il s’agissait d’un montage des plus belles scènes d’amour avec quatre grands artistes de la scène théâtrale québécoise.

Sans décor ni costume mais un piano, Claude Prégent, Isabelle Vincent, Jean Maheux et Marie-Hélène Thibault ont magnifiquement interprété de courts extraits entrecoupés de transitions musicales.

«Ce que l’on fait ce soir, on ne le revivra jamais. Les acteurs ont le texte en main et se fient à leurs instincts. Je vous l’offre comme un bouquet de mots d’amour», s’est adressé, pour souhaiter la bienvenue aux 200 spectateurs présents, le maître d’œuvre de cette soirée et surtout celui qui a choisi les textes et les artistes de façon judicieuse, Martin Lavigne, dont la compagnie de théâtre a pignon sur rue à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

Comme point de départ, rien d’autre que la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare avec Jean Maheux et Isabelle Vincent. «Je t’ai donné mon cœur avant même que je ne te l’aie donné», murmura Juliette. Et Roméo de rétorquer: «Vous avez pris le péché de mes lèvres, rendez-moi mon péché.»

Mais encore: «Les murs du jardin sont hauts et durs à l’escalade, et ce lieu, vu qui tu es, c’est la mort si quelqu’un de mes parents te découvre ici», prononça Juliette à un Roméo qui ferait tout pour elle, car il déclara: «Sur les ailes légères de l’amour, j’ai franchi ces murs, car les limites de pierre ne sauraient arrêter l’amour. Ce que l’amour peut faire, l’amour l’ose tenter. C’est pourquoi tes parents ne sont point un obstacle pour moi.»

Après un extrait d’une pièce de Georges Feydeau, c’était au tour de la pièce Jean et Marie, d’Yves Sauvageau. Les expressions typiquement québécoises s’entrechoquent avec Mon p’tit vlimeux, C’est clair comme l’eau de roche, Tu es beau comme un cœur.

Avec la pièce, On ne badine pas avec l’amour, écrite par Alfred de Musset, le personnage de Camille campé par Marie-Hélène Thibault apprend à son amoureux Perdican, joué par Claude Prégent, qu’après avoir vécu pendant dix ans éloignés l’un de l’autre, elle a décidé d’entrer chez les religieuses. En fait, ils se déchiraient pour ne pas s’avouer qu’ils s’aiment.

On a ensuite eu droit à un conflit père et fils avec la pièce Hier, les enfants dansaient, de Gratien Gélinas, mais c’était surtout le conflit entre le Canada et le Québec qui existait déjà en 1966.

En finale, ce fut une très grande prestation de Claude Prégent dans le rôle de Cyrano de Bergerac, la plus merveilleuse des pièces d’Edmond Rostand. La belle Roxane avait envie de sauter de son balcon tellement elle était conquise par la verve du poète.

À la demande du metteur en lecture Martin Lavigne, les acteurs ont répondu aux questions des spectateurs pendant une dizaine de minutes après le spectacle.

«On a fait nos lectures chacun chez soi. On s’est rencontré une seule fois pendant quatre heures», a expliqué Marie-Hélène Thibault. «Lire et jouer en même temps, c’est encombrant. On veut s’éloigner du texte à lire, mais c’est en même temps une sécurité. En passant, c’est magnifique de jouer la belle Juliette à 50 ans», a signalé Isabelle Vincent. De son côté, Claude Prégent a avoué avoir joué le rôle de Perdican à l’âge de 17 ans. «Cependant, dit-il, je comprends plus l’amour maintenant.»