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<strong>Le «cas Mirabel» sous la loupe de Suzanne Laurin</strong>

L’auteure de l’essai L’Échiquier de Mirabel, Suzanne Laurin, en compagnie de Serge Poulin, de la Librairie Carcajou, à Rosemère, lors du lancement tenu dans le secteur de Sainte-Scholastique, à Mirabel.

Le «cas Mirabel» sous la loupe de Suzanne Laurin

Publié le 25/10/2012

Que savons-nous de Mirabel? Qu’est-ce que Mirabel au juste? S’agit seulement d’une «erreur historique fondamentale» en raison de l’ampleur de l’expropriation de 97 000 acres de terres, décrétée un 27 mars 1969, afin d’y construire un aéroport international ou d’une ville à la campagne où y vivent plus de 40 000 personnes sur 477 km2 de superficie?

Native de Saint-Benoît, un village qui a été justement exproprié en 1969 et faisant aujourd’hui partie intégrante de la Ville de Mirabel, la géographe Suzanne Laurin a décidé de s’intéresser au «cas Mirabel». Et c’est au mois d’octobre 2004, quelques jours avant la fermeture de l’aéroport mirabellois aux vols de passagers, alors qu’elle flânait dans l’aérogare avec un appareil photo, que l’idée lui est venue.

Ainsi, ce jour-là, elle s’arrête au kiosque à journaux, encore ouvert. «À tout hasard, je demande une carte de Mirabel. La caissière m’apprend alors qu’une telle carte n’existe pas puisque, dit-elle, “Mirabel, c’est juste un aéroport”. Je crois que mon désir d’écrire ce livre a germé ce jour-là», écrit Mme Laurin dans l’introduction de son essai L’échiquier de Mirabel (Éditions Boréal) qu’elle a lancé tout dernièrement dans un bistro du secteur de Sainte-Scholastique, à Mirabel. Un secteur symbolique s’il en est un puisque c’est de là que la lutte des expropriés de Mirabel a été menée, à partir de 1972, par le Centre d’information et d’action communautaire (CIAC) durant presque une quinzaine d’années pour obtenir la rétrocession des terres aux agriculteurs expropriés en trop par le gouvernement fédéral. De 1985 à 1988, 80 000 acres de terres expropriées seront finalement rétrocédées.

Huit ans après en avoir eu l’idée, Suzanne Laurin, une retraitée qui a été professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) de 1993 à 2006 et dont la famille vit encore à Mirabel, concrétise finalement ce projet. «Ce que j’ai voulu faire avec ce livre, c’est reprendre à mon compte les questions que les gens se posent et les discuter en les documentant. Mirabel est vraiment un cas de figure pour apprendre ou revisiter la vie politique au Québec et au Canada», d’indiquer l’auteure en parlant de L’échiquier de Mirabel.

Et pourquoi avoir choisi ce titre pour cet essai d’un peu plus 300 pages? «À mes yeux, ce n’est pas sous l’angle de l’échec, de l’erreur ou du scandale qu’il faut aborder Mirabel. D’une certaine façon, le territoire de Mirabel se compare à un échiquier, c’est-à-dire, selon le dictionnaire, un espace où s’affrontent des forces, des intérêts contradictoires et qui exige que l’on manœuvre avec habileté […] Mirabel est un territoire qui a du souffle, du rebond, de l’imagination. Je voulais rendre compte non seulement de sa complexité, mais aussi de sa vitalité, de la résistance de ses habitants, de leur dynamisme et de leur créativité», répond Suzanne Laurin, toujours dans l’introduction de son ouvrage.

Si cet ouvrage de Mme Laurin, écrit dans un langage très accessible et agrémenté de photographies aériennes, analyse l’échec du projet aéroportuaire qu’est Mirabel, il a aussi le mérite de faire comprendre, surtout aux gens qui ne résident pas dans la région immédiate, que Mirabel est aussi un territoire qui vit au présent et qu’il aspire, 40 ans plus tard, à son avenir.