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<strong>La tricherie érigée en système</strong>

La tricherie érigée en système

Publié le 16/10/2012

Les avalanches de révélations qui ont déferlé sur les médias depuis les dernières semaines sur le dopage du cycliste Lance Armstrong sont tout simplement dégoûtantes. Comment Armstrong, septuple champion du Tour de France, a-t-il pu passer au travers de tous les contrôles sans se faire attraper? Collusion, laxisme et corruption sont encore tristement réunis, ad nauseam, pour expliquer cette histoire qui sent mauvais depuis le début.

Tout d’abord, à la lumière des révélations de nombre de ses coéquipiers, il est de plus en plus avéré que l’entourage du tricheur entretenait jalousement le secret et impliquait dans la «gamique» ceux et celles qui, de près ou de loin, étaient liés au champion. Même si elle donne mal au cœur, cette situation n’a rien d’étonnant quand on sait que l’équipe avait tout avantage à trafiquer les résultats des analyses ou à court-circuiter les processus de contrôle pour atteindre l’objectif tant souhaité: gagner, gagner, gagner. À l’interne, la tricherie était tout simplement érigée en système.

De prime abord, donc, il semble que tous les moyens pour arriver aux résultats voulus étaient possibles; la personnalité et la soif de gloire de Lance Armstrong ont été au-delà de l’esprit du sport. Loin de moi l’idée de prétendre que le champion du Tour n’a pas trimé dur pour arriver à la position qu’il occupe aujourd’hui – ou qu’il occupait jusqu’aux récentes révélations –, c’est-à-dire au faîte de sa discipline sportive. Mais force est d’admettre qu’il est improbable, voire impossible, de dominer autant son sport sans que des doutes légitimes soient soulevés. Ce qui m’amène à parler des instances qui auraient dû agir dès les premiers signes. Comment Armstrong a-t-il pu agir en toute impunité au cours de toutes ces années?

Le laxisme, la collusion et l’aveuglement volontaires semblent vouloir encore une fois expliquer cette situation complètement absurde. Le rapport de l’Agence américaine antidopage (USADA) sur le système érigé autour du champion a donné lieu à de vives critiques envers l’Union cycliste internationale (UCI), qui est accusée de toutes parts pour avoir négligé de prendre tous les moyens nécessaires pour vérifier l’usage de substances interdites chez les cyclistes, surtout sur les gagnants. Certains vont même jusqu’à accuser l’organisation de collusion, estimant que des intérêts et enjeux ont été préférés à la lutte antidopage, comme en font foi les révélations de nombre d’acteurs importants dans la lutte antidopage, comme Richard Pound, ancien directeur de l’Agence mondiale antidopage (AMA), et Christianne Ayotte, directrice du laboratoire contre le dopage de l’Institut national de la recherche scientifique.

Toute cette affaire – et de nombreuses autres dans les annales du sport, toutes disciplines confondues – démontre la difficulté que les organisations et fédérations sportives ont à réguler les comportements et les attitudes de certains de leurs membres. Si de nombreux moyens, et il faut les saluer, sont pris à l’interne pour favoriser et encadrer la pratique propre du sport, il est impératif qu’une organisation totalement indépendante pourvue des pleins pouvoirs fasse le ménage dans toutes ces histoires. À malin, malin et demi.