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Coupures et culture au quotidien

Coupures et culture au quotidien

Publié le 30/10/2008

Ceux-là ne portaient pas de grands habits de gala ni de robes de soirée, simplement parce que nous étions en avant-midi, dans une petite salle jérômienne, où le Conseil de la Culture des Laurentides réunissait quelques artistes venus témoigner de leur profonde inquiétude en vertu de l’oppression que les coupures annoncées en culture exercent sur leurs activités professionnelles.

Rappelons que c’est toujours l’intention du gouvernement Harper de couper quelque 45 000 000 $ en subventions culturelles qui a fait se braquer les artistes du Québec, comme au Canada, au cours de la dernière campagne électorale. Et, par-delà la difficulté économique que la grande faucheuse présage pour de petites entreprises culturelles comme les artistes, «c’est la composante idéologique et la volonté de contrôler le produit», que voulait également décrier le CCL, alors que les conservateurs signifiaient leur intention d’arrimer les futurs octrois à une évaluation du contenu.

François Jobin, un écrivain et réalisateur, venait donc témoigner du fait que, parmi les quelque 1 200 écrivains canadiens, à peine une quinzaine peuvent vivre de leurs redevances et que, sans subvention, leurs livres ne verraient simplement jamais le jour. Ajoutez qu’un délai de deux ans peut s’écouler entre le premier jet et l’arrivée en librairie et que l’âge moyen pour un premier roman se situe à 38 ans, pour comprendre qu’on ne peut vivre de sa création dans une province dont les meilleurs vendeurs s’écoulent à moins de 5 000 copies. «Les subventions nous donnent seulement accès au public, de plaider l’auteur. Il n’y aurait jamais eu la Boîte à images de Lepage, sans l’effort gouvernemental.»
«Je veux simplement vivre ma vie dans la dignité, mais je recommence au bas de l’échelle tous les jours», d’alléguer pour sa part la cofondatrice du Petit Théâtre du Nord, Mélanie St-Laurent. Il faut dire qu’une comédienne ne touche que 100 $ par représentation et rien pour les 110 heures de répétition, alors que la pièce connaîtra entre 30 et 60 représentations sur une demie année.

Et les choses deviennent carrément cruelles en danse, Marie-Ève Guay témoignant que le spectacle à grand déploiement pour lequel elle avait consacré un mois de travail avait été largué à une semaine de la première, ne lui laissant que des dépenses. Encore là, le financement avait été coupé. Elle est enseignante à la Cité de la danse, à Saint-Eustache, et doit tout de même limiter son temps de travail pour demeurer disponible aux occasions artistiques, qui ne la font toutefois pas vivre.
«Les quotidiens montréalais parlent peu de nous et les régionaux ne rejoignent, par leur distribution, qu’une petite partie de la population des Laurentides», indique pour sa part Tammy Osler, artiste et artisane. La dame, comme d’autres, soulignait la nécessité d’aller à l’étranger, alors que c’est justement cette opportunité qui est menacée par l’austérité du gouvernement Harper, à l’aube d’un second mandat.

Le CCL suggère donc, en rafale: des crédits d’impôts pour les investissements en culture; l’élimination de taxes de vente sur les produits culturels; un fonds de retraite pour les artistes; des crédits d’impôt à l’achat d’œuvres d’art; des incitatifs à la création de fondations et une reconnaissance des musées régionaux.