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Visite du «fantôme de Mirabel»

Photo Yves Déry –

Visite du «fantôme de Mirabel»

Publié le 05/05/2011

Quarante-deux ans, jour pour jour, après l’annonce de l’expropriation des terres de Mirabel par le gouvernement fédéral afin d’y construire l’aéroport de Mirabel, se tenait, le 27 mars dernier, le visionnement du documentaire Le fantôme de Mirabel. Réalisé par deux jeunes étudiants universitaires, le documentaire en question a été présenté dans une salle comble, à l’église Sainte-Scholastique.

Cet endroit revêtait une connotation spéciale pour le jeune réalisateur Éric Gagnon-Poulin «Ce n’est pas une bonne salle, ni pour le son ou l’écran, mais c’est symbolique. C’est l’endroit où le CIAC se rencontrait». En effet, le Centre d’information et d’animation communautaire (CIAC) y tenait ses rencontres afin de se rassembler et de dénoncer les agissements du gouvernement fédéral dans le dossier l’aéroport de Mirabel.

La porte-parole de l’époque, Rita Lafond, était présente et a pris la parole avant le début de la représentation avec beaucoup d’intensité «Ce sont 15 villages qui ont été charcutés. L’expropriation a été le début d’une longue route, a-t-elle dit. On s’en est sorti, on est fier de notre lutte et c’est la tête haute que nous sommes ici ce soir, pas pour être des victimes».

Celle-ci a poursuivi en mentionnant: «Ensemble, on a appris à ouvrir les yeux, à démasquer les mensonges politiques et à s’exprimer. Si certains sont profondément blessés, on est resté vivant et on sait maintenant faire face à toutes les tracasseries des technocrates au nom du bien commun. Le territoire, on l’a fait revivre».

Le documentaire de 52 minutes a pris cinq ans à voir le jour et a été réalisé de manière complètement indépendante. Il devait d’abord porter sur le changement de nom de l’aéroport Dorval, mais les deux réalisateurs ont découvert le cas de Mirabel. Ils ont donc intégré cette histoire en la remettant de manière brillante dans le contexte politique des années 1970. Plusieurs intervenants ont pris la parole, que ce soit des expropriés interrogés par le défunt Pierre Falardeau, l’anthropologue Robin Philpot, présent dans la salle, l’ex-premier ministre du Québec, Bernard Landry, ou l’avocat des expropriés, Guy Bertrand.

Un documentaire simple, mais assez percutant qui a fait réagir la foule particulièrement sensible sur le sujet. Couvrant les thèmes de l’expropriation en passant par la fermeture de l’aéroport de Mirabel jusqu’à la nomination de l’aéroport de Dorval pour Pierre-Eliott-Trudeau, le documentaire traite aussi des actions du Front de libération du Québec (FLQ), pour revenir aux expropriés qui ont essayé de sortir de l’ombre et aux démarches juridiques qui ont suivies.

Les gens présents ont ovationné Éric Gagnon-Poulin et Louis Fortin pour leur film. «On est rivé à l’écran, pas une minute, on s’ennuie» a commenté une dame. Actuellement à la recherche de salles pour y projeter leur documentaire, ils espèrent effectuer une tournée au Québec.

Déjà, Le fantôme de Mirabel a été présenté, en avant-première, en février dernier, à Rimouski. Après cette première émotive à l’église Sainte-Scholastique, le documentaire a aussi été projeté, au mois d’avril, à La Malbaie. On peut en savoir davantage sur ce documentaire sur Facebook, en recherchant «Le fantôme de Mirabel (le film)», ou encore sur le site Web qui lui est dédié, à l’adresse [www.lefantomedemirabel.com].