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Patrick Groulx et l’appel de la scène

Patrick Groulx (Photo Félix Renaud, courtoisie)

Patrick Groulx et l’appel de la scène

Publié le 22/09/2018

On a beau vouloir s’en éloigner momentanément, et pour les meilleures raisons du monde (les enfants, l’équilibre, une vie normale), la scène finit toujours par rappeler aux artistes qu’elle n’existe que pour eux et ce fabuleux moment de partage, vrai et direct, qu’elle permet avec le public.

«J’avais effectivement pris une pause de la tournée, depuis cinq ans, mais j’ai quand même continué à faire du standup pour l’émission Dans ma tête. Ça m’obligeait à écrire et aller présenter des numéros dans des petites salles, comme Le Bordel ou d’autres cabarets, pour tester mes numéros pour la télé. Chaque fois que je me retrouvais sur une scène, je me rendais compte à quel point ça comptait pour moi» , raconte l’humoriste d’un seul souffle.

D’où cette idée de ramasser son nouveau matériel et d’en faire un spectacle qu’il viendra présenter au Centre d’art La petite église, le jeudi 27 septembre, un opus de 75 minutes qui s’adresse aux 16 ans et plus.

La liberté et le bonheur

«J’adore cette salle-là, dit-il, pour la proximité et l’intimité qu’elle offre. C’est une de mes salles coup de cœur. Ce spectacle, d’ailleurs, on dirait que je l’ai vraiment écrit pour des petites salles, pour me rapprocher du public. Ça me fait du bien.»

Et Patrick Groulx va plus loin en suggérant que cette façon de faire lui permet de mieux définir son style, lui qui en est toujours à l’étape du rodage, mais qui n’en considère pas moins que le spectacle existe bel et bien. On n’est pas très loin d’une mouture finale, pour dire les choses autrement.

Définir son style, ça veut dire se faire confiance davantage et travailler l’écriture différemment. «Normalement, quand tu commences à écrire, ton entourage est déjà là: gérant, metteur en scène, producteur, amis. Ce coup-là, j’ai décidé de commencer le processus tout seul, d’essayer parfois des trucs que j’avais écrits le jour-même. J’ai fait un gros six mois comme ça. J’ai adoré ça. Ça m’a donné plus de liberté. Ça m’a permis d’aller ailleurs et plus loin. D’être plus naturel» , explique l’artiste.

Dans ce quatrième solo intimiste, Patrick Groulx se fait encore plus standup que jamais, dit-il, raconte des anecdotes sur sa vie personnelle («J’ai eu l’air fou souvent, dans ma vie» , rigole-t-il), parle de ses enfants et même de la séparation avec la mère de ces derniers, dans un numéro qui, dit-il, suscite encore son lot de malaises. «Hier encore, j’ai jeté un gag qui ne marchait pas comme je voulais. Il faut bien choisir les mots, trouver la bonne façon de parler du sujet puisque dans la salle, il y a des gens qui vivent cette situation et qui s’en trouvent blessés» , raconte-t-il. Il parle du bonheur, aussi, Patrick Groulx. «C’est un sujet récurrent, dans mes spectacles. C’est une quête qui me fascine encore» , souligne-t-il, lui qui testera peut-être de nouveaux numéros devant vous, à ce sujet.

Peaufiner le texte

C’est pour ça qu’il y a les rodages et c’est aussi pour ça que le numéro finira par trouver sa tournure définitive et qu’il conservera bien un malaise ou deux. Parce que roder un spectacle d’humour, ça implique de revenir continuellement sur le matériau brut, d’éliminer les temps morts, de peaufiner le texte jusqu’à le ciseler, lui donner une ligne rythmique sur laquelle certains mots ne peuvent plus s’asseoir, parce qu’ils ont tout bonnement une syllabe de trop. C’est aussi technique et complexe que ça. Si ça ne rit pas ici, ça peut dépendre de ça. «C’est peut-être parce que j’ai mal guidé le public, aussi» . Un jeu d’essais et d’erreurs.

Sur l’air ambiant qui plane actuellement dans le milieu de l’humour et sur tous les débats entourant la libre expression et la rectitude politique, Patrick Groulx se fait philosophe: «Il y a des choses que je ne peux pas dire parce que le public qui m’a suivi depuis 25 ans ne l’accepterait pas. Les blagues trop crues ou trop méchantes, ça ne passe pas avec moi. D’autres humoristes les feraient, ça serait différent. Alors, quand j’en ai une, je la donne» , dit-il, en suggérant qu’elle se retrouvera probablement dans la bouche de son grand ami Mike Ward. Chacun son style.

Voilà donc qui annonce les couleurs de ce spectacle créé par un Patrick Groulx qui, à 44 ans, affirme n’avoir jamais été aussi heureux. «Venez passer une soirée avec moi. Venez rire et avoir du plaisir. Je suis en feu!» s’exclame-t-il, en invitant le public au Centre d’art La petite église, le jeudi 27 septembre. Information: [http://www.lapetiteeglise.com].