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Le marivaudage au goût du jour à Lionel-Groulx

Le Marivaudage Au Goût Du Jour à Lionel Groulx

Le marivaudage au goût du jour à Lionel-Groulx

Publié le 03/03/2018

Voilà bien la pièce la plus célèbre de cet auteur du XVIIIe siècle, la comédie Le jeu de l’amour et du hasard mobilisera les finissants de l’École de théâtre professionnel (ÉTP) du collège Lionel-Groulx, qui remettront le marivaudage au goût du jour, dans une mise en scène de Charles Dauphinais.

Voilà bien la pièce la plus célèbre de cet auteur du XVIIIe siècle, la comédie Le jeu de l’amour et du hasard mobilisera les finissants de l’École de théâtre professionnel (ÉTP) du collège Lionel-Groulx, qui remettront le marivaudage au goût du jour, dans une mise en scène de Charles Dauphinais.

Le travestissement et l’inversion des rôles deviennent autant d’outils de contestation sociale dans cette œuvre où l’amour est bien sûr au premier plan, puisque le nom de Marivaux demeure intimement lié à cette puissante inclination dont il a réformé (pour ne pas dire réinventé) le langage.

On y verra M. Orgon, résolu à marier sa fille à Dorante, dans un canevas éminemment caractéristique du théâtre classique, à la différence que le paternel acceptera de se prêter au jeu de Silvia qui, désireuse de mieux observer ce prétendant qu’elle ne connaît pas, suggère de troquer son identité contre celle de sa servante, Lisette. Mais voilà, Dorante aura eu la même idée et c’est plutôt son valet, Arlequin, qui portera ses habits. Seuls Orgon et Mario, le frère de Silvia, connaissent le subterfuge et sont en position d’intervenir dans ce quiproquo qui causera bien des remous.

Une saveur moderne

C’était perceptible dans le ton adopté par les comédiens qui en ont présenté un court extrait, en conférence de presse, on a bien senti une volonté de moderniser la chose, de s’éloigner de ce que le metteur en scène appelle les «ritournelles» du jeu classique.

«Il y a eu un travail de table avec les comédiens, une analyse du texte qui leur a permis de mieux comprendre les enjeux de la pièce. À partir de là, il fallait trouver la vérité du personnage, trouver une manière moderne de dire les choses» , explique Charles Dauphinais. «Le défi, pour nous, c’était aussi de trouver ça drôle et de rendre ça drôle» , de renchérir l’un des interprètes, Félix Chabot-Fontaine, expliquant que l’humour verbeux du XVIIIe siècle ne colle pas forcément à notre époque. On y arriverait, par exemple, en imprimant au texte une gestuelle qui participerait à en souligner l’aspect comique. Et tout le monde a fini par y trouver son bonheur, assure-t-il.

Charles Dauphinais soulignait par ailleurs l’universalité de la pièce dans les thèmes exploités (l’esprit ludique de l’amour, par exemple), même si, d’un point de vue historique, nous sommes à bonne distance des mœurs de l’époque. «La pièce a tellement été jouée. Il y a tout un chemin qui a été tracé et il fallait aller voir ce qu’il y avait en dehors de ce chemin-là, sans dénaturer l’œuvre» , de dire le metteur en scène davantage rompu aux textes modernes, qui indique tout de même baser toujours son travail sur la création, peu importe la pièce qu’on lui propose.

On lui prête comme une signature, par ailleurs, sa volonté d’impliquer le public dans ses productions (il s’interroge notamment sur le rôle de celui-ci dans la représentation théâtrale), ce qui ne fera pas exception puisque certains spectateurs (quelques-uns) se verront désigner une place dans le décor, au cœur même de l’action.

Les conceptrices

Ce décor, conçu par Myriam Fortier, est inspiré par l’amour présent et envahissant qui transpire du texte de Marivaux, de telle sorte que la maison de M. Orgon sera elle-même envahie par un jardin à l’anglaise, une nature délinquante, dit-elle, qui invite à l’intimité et aux cachotteries.

Les personnages évolueront dans des costumes créés par Émilie Laliberté-Paréja, qui a choisi de respecter l’époque (les toiles de Fragonard ont été une inspiration) tout en ajoutant une touche de modernité. On sentira, dit-elle, parce que certaines parties du corps seront dénudées, la tension sexuelle qui existe entre les personnages. La conceptrice, par ailleurs, s’est amusée avec l’idée du déguisement, de l’empressement de se travestir qui peut parfois donner de curieux résultats.

Aux éclairages, Océanne Desjardins a d’abord jonglé avec l’idée de créer des atmosphères réalistes (on passe de l’après-midi au soir, puis à la nuit), mais a finalement penché, dit-elle, vers un concept davantage théâtral et organique. «Ce sera une lumière naturelle avec des ajouts de magie et de romance» , annonce-t-elle.

Enfin, on entendra beaucoup de chants d’oiseaux et de bruits de nature dans ce décor printanier, grâce à l’environnement sonore de Camille Pilon Laurin, qui évoquera le printemps et, par extension, le désir amoureux, le tout piqué ici et là d’extraits musicaux empruntés à l’époque baroque.

La comédie Le jeu de l’amour et du hasard sera présentée au studio Charles-Valois, du collège Lionel-Groulx, du 17 au 20 mars. Les billets sont en vente à la billetterie du Cabaret BMO, 57, rue Turgeon, à Sainte-Thérèse. Pour l’achat en ligne: [http://www.odyscene.com].