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Guy Nantel: un homme libre

Guy Nantel: Un Homme Libre

Guy Nantel: un homme libre

Publié le 16/08/2018

Frais et dispos après des vacances qui viennent tout juste de se terminer (un beau voyage en Europe, dit-il), l’humoriste Guy Nantel reprend la route avec son spectacle Nos droits et libertés, qu’il présentera à Saint-Eustache, à la salle du Zénith, les 17 et 18 août.

Quand on connaît bien le monsieur, on sait que ce titre n’annonce guère une conférence ronflante, mais bien une autre occasion d’entendre le personnage réfléchir tout haut sur ce qui a germé dans le terreau social et politique, ces derniers temps, et de nous en livrer sa réflexion avec une forte dose d’ironie.

La liberté sous tous les angles

«J’ai eu l’idée de ce spectacle il y a deux ans, au moment où un numéro que je devais faire sur la liberté d’expression avec Mike Ward, au Gala des Olivier, a été censuré, raconte l’humoriste en entrevue téléphonique. Je me suis dit que ça serait sans doute intéressant de faire tout un spectacle là-dessus, histoire de ramener le balancier, de dire que oui, les libertés individuelles, c’est important, mais qu’on vit aussi en gang. Il faudra réfléchir et trouver un équilibre dans tout ça.»

C’est ainsi que s’est amorcée l’écriture de Nos droits et libertés, qui aborde la chose sous tous les angles possibles: liberté de culte, droits religieux, consentement sexuel, censure artistique, libertés individuelles et collectives, le droit de changer d’emploi tout autant que son destin comme nation, notamment.

Rappelez-vous, le spectacle est né à l’automne 2017 dans une controverse liée à une blague bien précise sur la notion du consentement sexuel et l’humoriste avait dû traverser une forte zone de turbulences. On s’était particulièrement défoulé sur les réseaux sociaux, on était allé jusqu’à formuler des menaces de mort qui avaient été à ce point prises au sérieux qu’un déploiement de policiers avait été nécessaire pour assurer sa sécurité et celles des spectateurs.

«Tout ça est bien fini» , dit-il, confirmant que le pompon ambiant a fini par se calmer. «Mais tu ne sais jamais quand ça va t’arriver. Un scandale, tu ne peux pas prévoir d’où il va venir. J’écris parfois des choses en anticipant une réaction qui ne vient pas. Le contraire est aussi vrai. Mais bon, avec le genre d’humour que je fais, je m’attends quand même à susciter plus de controverse que si je faisais du mime. Cela dit, je m’en fiche un peu. Ce n’est certes pas plaisant au moment où ça arrive, mais ça fait partie de mon métier» .

L’effet miroir

Pas question de changer quoi que ce soit, donc. «Dans la vie, il ne faut jamais faire les choses en fonction des gens qui ne nous aiment pas. Il y en aura toujours, de toute façon. Et si tu corriges le tir en fonction de ce qu’ils n’aiment pas, ils vont trouver d’autres raisons de te haïr. Non. Il faut suivre sa conscience» , dit-il, convaincu qu’il faut d’abord être en paix avec soi-même… et ultimement avec son public. «Il y a des gens qui viennent me voir et qui me disent que mon spectacle a changé quelque chose dans leur vie. C’est pour eux que je travaille» , exprime-t-il.

Ce qui ne change pas non plus, et fort heureusement, chez Guy Nantel, c’est cette manière qu’il a de toujours mener le public sur la piste de ses propres préjugés et de le lui faire sentir, au moment choisi, dans un sourire moqueur: tiens donc, vous êtes en train de rire de ça! «C’est dans ma nature, dit-il. J’aime la provocation, j’aime l’ambiguïté de mon personnage. Je suis baveux, mais sans méchanceté. Le but, c’est toujours de faire réfléchir, mais pour ça, il faut bien dire des choses qui ne sont pas plaisantes à entendre. C’est comme tenir un miroir devant le public. Il y en a qui n’aiment pas la face qu’ils ont, mais bon, ce n’est pas moi qui l’invente, cette face-là!»

Et l’action politique?

En décembre dernier, Guy Nantel a publié un essai politique intitulé Je me souviens… de rien, dans lequel il livre une réflexion très sérieuse sur sa vision de la société québécoise, un ouvrage dans lequel il s’exprime en faveur de la souveraineté, en mettant l’accent sur l’importance d’être bien renseigné sur l’actualité et l’histoire pour être en mesure de choisir librement son destin. Des ambitions politiques, M. Nantel? «J’aurais de la misère à ne pas être le chef!» , s’exclame celui qui, pour rien au monde, ne sacrifierait le moindre petit bout de sa liberté sur l’autel de la ligne de parti. «Et aussi, ce serait lâcher la job la plus aimée au Québec pour choisir la job la plus détestée» , nuance-t-il.

Et tout aussi libres sommes-nous de ne pas aller voir son spectacle si l’envie n’y est pas! «Je ne suis pas un vendeur de billets. Je suis un artiste, répond-il quand on lui demande comment il inviterait le public si on lui donnait un porte-voix. Si je dois t’expliquer pourquoi tu devrais venir me voir, t’as juste à rester à la maison!»

Dans le cas contraire, vous pouvez accéder à la billetterie du Zénith en vous rendant au [http://www.lezenithsteustache.ca].