logo journal leveil
icon journal
Conte de Noël d’ici: Sauvetage cosmique

Illustration d’Alix Lapierre-Roberges

Conte de Noël d’ici: Sauvetage cosmique

Publié le 08/12/2014

(NDLR) – Cette année, vos hebdos L'ÉVEIL et LA CONCORDE ont demandé à des auteurs d'ici d'écrire un conte de Noël. Voici donc le premier de trois, signé Yves Bertrand. À la retraite, M. Bertrand demeure dans le Vieux-Saint-Eustache depuis 20 ans. L’an dernier, il avait signé un premier conte de Noël publié dans L’ÉVEIL. Un de ses textes, L’Élystrée, a été adapté pour une pièce de théâtre, qui a été présentée au Centre d’art La petite église en 2005 et en 2006. Aussi, il a collaboré avec des jeunes en difficulté, à la rédaction d’un livre intitulé Les esprits bâtards, comportant leurs textes et les siens. Il écrit depuis l’âge de 12 ou 13 ans, surtout des poèmes. Nous le remercions pour son texte, tout comme Alix Lapierre-Laberges pour son illustration (cliquez sur l'Image pour l'agrandir).

Très loin de nous, à des années-lumière, une petite planète gravitait autour de son étoile. Il n’y en avait pas d’autre pour l’accompagner. Elle tournait donc seule nonchalamment autour de celle-ci. À la voir ainsi, tout semblait normal. Mais à sa surface un drame se jouait. Descendons voir.

Les gens nous accueillent chaleureusement. On nous fait visiter les plus grandes villes. On nous fait goûter à leur plat national. On nous amène à des bals. Tous présentent leur joie de vivre et leur planète comme un paradis. Mais il y manque un élément essentiel.

Alors, j’interroge:

– Mais où sont donc les enfants?

On me répond:

– Nous ne savons ce qui se passe. Depuis plusieurs années, nos enfants se meurent. Vous avez sûrement remarqué qu’il n’y a personne de moins de 30 ans parmi nous. Nous vieillissons et il n’y a pas de relève. Cela a commencé alors que les enfants ne voulaient plus aller à l’école. Nous avons tout essayé, rien n’a fonctionné. Puis, ils arrêtèrent de jouer, de rire et de chanter. Maintenant, ils demeurent silencieux dans leur chambre. Ils mangent à peine, puis ils s’installent dans leur lit et ils y meurent. Voilà! Notre monde est en perdition.

J’en restai sidéré. Je voulais les aider. Je ne pouvais laisser aller. Comment faire? Je méditai longuement sur la question. Puis, un souvenir refit surface.  Il y a de cela fort longtemps, j’avais visité une petite planète bleue, la Terre. Ce souvenir m’offrait peut-être une solution. Je savais qu’il y avait sur cette planète un vieux bonhomme qui, chaque année, au même moment, descendait de sa contrée nordique pour aller distribuer des cadeaux aux enfants, et que cela rendait les enfants tout joyeux et qu’ils attendaient ce jour avec impatience.

Je parlai de cela aux gens. Il y eut un moment de silence. Le doute se lisait sur leur visage. Cela fonctionnait sur Terre. Mais pourrait-il sauver leurs enfants?

L’un d’entre eux pourtant se leva et déclara:

– Qu’avons-nous à perdre? De toute façon, nos enfants se meurent. On nous offre une solution. Pourquoi ne l’essayerions-nous pas? Pour sauver mes enfants, je suis prêt à tout, et vous?

Les gens se mirent à murmurer entre eux. De quel côté penchera la balance? Au grand soulagement de l’intervenant, ils décidèrent de saisir l’occasion.

Je me préparai le plus vite que je pus pour mon départ vers la Terre.

Arrivé sur Terre, je me dirigeai vers le pôle Nord, domaine du père Noël.  Une vraie ruche, ça bougeait de partout. Tous travaillaient très fort à la préparation de cette nuit magique. Un joyeux lutin m’indiqua où trouver le vieux bonhomme.

J’arrivai près de lui et me présentai. Il écouta attentivement ma requête. Sa réponse tardait. Ce silence n’indiquait rien de bon. Ma confiance baissa de plusieurs crans. Je n’osais le questionner tant je redoutais sa réponse.

Enfin, il répondit:

– Je voudrais bien vous savez, mais voyez par vous-même tout le travail que nous devons accomplir. Je dois demeurer aux commandes. Comment pourrais-je partir si loin et revenir à temps? Je vous le demande. Vous auriez dû arriver plus tôt. Une telle expédition demande du temps. Je regrette.

La décision semblait sans appel. Penaud, triste, découragé, je repris le chemin vers mon vaisseau.

Non loin de celui-ci, j’aperçus un petit renne au nez rouge comme un lumignon, qui m’aborda et me dit:

– Ne partez pas, je crois avoir une solution. Je vais parler au père Noël.  Suivez-moi.

– Père Noël, dit-il, nous devons aider ces pauvres gens et leurs enfants.  J’ai entendu votre réponse et je crois que vous avez oublié une solution.

– Qu’as-tu à proposer petit renne? Je t’écoute.

– Voilà, il me semble que mère Noël et les gentils lutins pourraient gérer le travail durant votre absence. Ici, rien n’y paraîtrait et là-bas, vous leur apporteriez la joie, du renouveau.

Après avoir dit cela, son nez se mit à clignoter et le père Noël accueillit favorablement sa proposition, la trouvant pleine de sens.

Arrivés près de la planète, le père Noël monta sur son traîneau. Je pris place à sa droite et alors sa tournée magique commença. De partout, des clochettes tintèrent. Cela réveilla les enfants. Ils se levèrent, même les plus mal en point, pour aller à leur fenêtre. Les clochettes ensorcelantes les tenaient sous leur charme. Puis, le ciel se para des couleurs de l’arc-en-ciel. Alors, les enfants sortirent de leur maison souriant et chantant.  Emportés par la magie, ils firent une farandole. Les parents qui ne les avaient pas vus ainsi depuis fort longtemps ne purent retenir leurs larmes.

Une fois que la magie eut amené tous les enfants à la santé, à leur vie d’enfant, faite de jeux, de chants et de joie, père Noël retourna vers la Terre et fit entendre des «Ho! Ho! Ho!» partout dans l’univers.

Sur la petite planète, une nouvelle tradition venait de naître.

Sur la Terre, la nuit de Noël eut lieu comme à l’accoutumée.

FIN