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Redonner «ses lettres  de noblesse» à ce  joyau du patrimoine

Redonner «ses lettres
de noblesse» à ce
joyau du patrimoine

Redonner «ses lettres de noblesse» à ce joyau du patrimoine

Publié le 14/05/2018

Celui qui est le nouveau président de l’Abbaye d’Oka, Daniel Bérard, arrive dans la région avec un bagage d’expériences qu’il compte bien mettre au profit de ce qu’il considère comme étant le berceau de l’agriculture au Québec.

Ce n’est pas d’hier que Daniel Bérard, propriétaire du Groupe Connexion, une entreprise spécialisée en agriculture, songe à acquérir l’Abbaye d’Oka. Il affirme d’ailleurs avoir eu des discussions avec les moines cisterciens il y a de cela trois ans et demi. Les pourparlers s’étaient toutefois interrompus jusqu’à ce que le Groupe Tridan, et son président, Alexandre Triquet, reviennent à la charge, l’année dernière.
«Nous sommes propriétaires des terres, du magasin et sommes en position de leader dans le bâtiment central», affirme toutefois M. Bérard qui indique en outre voir grand pour le futur de l’abbaye.
«Il y a lieu de faire quelque chose de communautaire. Loin de moi l’idée d’empêcher l’agrotourisme. Au contraire. Mais il faudra que ce soit fait de façon ordonnée. Présentement, c’est le ‘free for all’, mais c’est clair pour nous qu’éventuellement, nous voulons que l’Abbaye d’Oka devienne une destination agrotouristique, qu’elle reprenne ses lettres de noblesse.»
Pour Daniel Bérard, le développement de ce potentiel agrotouristique passe inévitablement par l’éducation des jeunes.
«Il faut éduquer la jeune génération qui ne sait même pas d’où vient le chou-fleur! Ils ont de la nourriture sur leur table, mais ne savent pas d’où elle vient. C’est assez spécial de voir comment les gens sont nombreux à ne pas connaître les plantes qu’ils mangent!»
Cette éducation pourrait très bien se traduire par l’éventuel aménagement, à l’intérieur de l’abbaye, d’un centre d’interprétation retraçant l’histoire de l’agriculture.
«Il y a un gros buzz actuellement concernant l’école de sorcellerie que souhaite opérer le Groupe Tridan à l’intérieur du bâtiment principal et c’est tant mieux, mais ce qu’il est important de comprendre, c’est que l’Abbaye d’Oka est le berceau de l’agriculture au Québec. Il ne faut jamais le perdre de vue», d’insister M. Bérard, rappelant au passage que les pères cisterciens étaient des végétariens et que ce sont eux qui ont formé les premiers agronomes au Québec, jusqu’en 1962.
Défi de taille
Daniel Bérard est conscient du défi colossal qui l’attend, mais une chose est certaine, la transformation de l’abbaye se fera en harmonie avec la nature.
«Les bâtiments centraux ne peuvent se dissocier des terres et les terres ne peuvent se dissocier des bâtiments centraux pour la simple et bonne raison qu’on y retrouve 35 kilomètres de pistes cyclables et 350 acres de terre cultivable. C’est dans cette optique que nous approchons ce défi»
Le défi se situe également au niveau de la diversité de l’offre. Outre les terres cultivables et le centre d’interprétation que l’on souhaite ouvrir dans un avenir rapproché, M. Bérard, par l’entremise du Groupe Tridan, souhaite également y tenir des événements, tels des mariages, de même que des soirées thématiques, en plus d’y aménager une section destinée à l’hébergement.
«C’est assez unique comme endroit au Québec et le défi que nous avons est celui d’être capable de faire vivre tout cela en même temps. Nous aurons besoin de temps et de beaucoup d’efforts, mais nous allons y arriver. Présentement, c’est comme si nous avions une sauce qui était restée trop longtemps sur le feu. Là, il faut mettre la cuillère dedans, y mettre des ingrédients et la brasser!»
Investissements majeurs
Évidemment, de tels projets nécessiteront d’importants investissements. Daniel Bérard en est conscient.
«L’argent que nous devons mettre ne se calcule pas en milliers de dollars, mais à coups de millions. Dans un bâtiment comprenant de telles infrastructures, les investissements seront majeurs. Ça c’est clair! Mais nous ne nous présentons pas là en touriste. Nous y allons pour qu’il y ait de l’action.»
«Un plan de match», comme le dit M. Bérard, sera donc établi sous peu, promet-il. Suivront ensuite des actions concrètes. Et Daniel Bérard promet que ça ne traînera pas.
«C’est un bâtiment extrêmement énergivore qu’il faut rentabiliser le plus tôt possible. Dès cet été, au maximum à l’automne, des travaux majeurs seront entamés».
Le Groupe Connexion est un joueur important de l’agriculture au Québec, y exploitant notamment un grand nombre de terres cultivables, dont celle de Vegkiss, sur le rang Sainte-Sophie à Oka. L’entreprise basée à Joliette exploite aussi le sol californien. Elle a récemment acquis l’Abbaye d’Oka pour la somme de 5,5 M$.