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La Mouvance parle de santé mentale

(Photo Michel Chartrand) – Des dizaines de femmes ont assisté à la conférence de Fernande Ménard.

La Mouvance parle de santé mentale

Publié le 06/03/2009

La violence faite aux femmes n’est pas que physique ou psychologique. La Mouvance, Centre de femmes, a donc voulu parler de santé mentale pour souligner la cinquième Journée régionale d’action contre la violence faite aux femmes.

Par le passé, l’organisme avait invité des intervenants par rapport à des dépôts de plainte au service de police, à des cours d’autodéfense. Cette année, le Centre a invité Fernande Ménard, une militante qui travaille dans le domaine de la santé des femmes depuis une quarantaine d’années.

Celle-ci a présenté une conférence-atelier pour traiter de l’approche féministe, des obstacles à l’intervention féministe et des principales stratégies d’intervention.

Mme Ménard est une femme de terrain. Depuis les années 1980, elle œuvre en santé mentale des femmes. Elle a notamment été directrice d’une maison d’hébergement alternative pour femmes en dépression et présidente du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec.
«Les femmes en souffrance m’ont tout appris», fait-elle savoir. Pour elle, il n’y a pas de maladies mentales, que des souffrances. «Je refuse le diagnostic en santé mentale parce que je m’ouvre à un accueil à la détresse. Quel que soit le problème, ces femmes sont en détresse», estime-t-elle.

Ces diagnostics sont donc basés sur l’intervention féministe qui dit qu’un problème en santé mentale est plus de sources sociale et politique que personnelles.

Selon Mme Ménard, que le diagnostic affirme que la femme ait décroché de la réalité, c’est faux. «Elle est toujours dans la réalité, la sienne, la vraie est trop cruelle. C’est ce qui amène au délire», croit-elle.

Celle qui a remporté le prix Simonne-Monnet-Chartrand, en 1997, pour son travail auprès des femmes, croit que l’écoute est la base de toute intervention. «Quand on se met juste à écouter sans chercher de solutions, on comprend que la femme est dans sa réalité, mais pas dans la réalité normalisée», indique-t-elle. Elle ajoute que le délire, les hallucinations, ne sont que des «mécanismes de défense extrêmes», soulignant qu’elle ne prétend pas détenir la vérité.

Mme Ménard mentionne que les intervenants sociaux ont appris à trouver une solution à tous les problèmes. Selon elle, c’est à la femme en question de trouver la solution qui lui convient. L’intervenant n’est là que pour l’accompagner dans sa démarche. «Il ne faut pas oublier que la femme vit une grande détresse. Il faut croire que c’est elle qui a le contrôle sur sa vie», précise-t-elle.

Pour chaque diagnostic suit la médication. Selon la conférencière, la femme doit devenir critique face à sa médication. Elle doit savoir poser les questions nécessaires à son professionnel de la santé pour arriver à trouver sa «zone de confort».

Les principales stratégies d’intervention sont l’action et l’expression de la colère. «L’expression de la colère constitue la condition essentielle à la santé mentale des femmes. Quand une femme exprime sa colère, elle est sur la voie de la guérison», indique-t-elle. Mme Ménard spécifie qu’il existe plusieurs façons d’exprimer sa colère. «Plus elle est exprimée près de l’événement, moins la femme aura l’air hystérique», convient-elle.