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<strong>Jean Paquette forcé de s’exiler pour travailler en recherche</strong>

L’Eustachois Jean Paquette a dû s’exiler en Californie pour continuer de travailler dans le milieu de la recherche scientifique.

Jean Paquette forcé de s’exiler pour travailler en recherche

Publié le 20/02/2015

L’exode des cerveaux est une réalité bien connue de l’Eustachois Jean Paquette, qui a dû s’exiler à l’étranger l’an dernier pour travailler dans un laboratoire de recherche scientifique. Une décision tributaire des coupures gouvernementales en recherche, mais qui a permis au biochimiste de 54 ans d’y gagner au change.

Jusqu’en 2010, Jean Paquette travaillait comme assistant de recherche au CHU Sainte-Justine, poste qu’il a quitté pour se joindre à l’équipe de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal. À la suite de subventions non renouvelées, celui-ci s’est retrouvé au chômage, à la fin de l’année 2013. Il s’est donc tourné vers l’Université de Californie à Santa Barbara (UCSB), qui s’est rapidement montrée intéressée par son expertise.

Depuis six mois, il travaille donc à cette université américaine, où l’on mène des recherches sur le cerveau. «Mon projet consiste à faire fonctionner et à caractériser un modèle de neurones en 3D, le plus près de certaines parties du cerveau. Pour former mon modèle 3D, il faut des cellules souches pluripotentes des patients atteints d’une maladie neurodégénérative comme l’Alzheimer. On séquence leur ADN pour trouver des mutations. À partir du modèle, on pourra tester des médicaments et trouver une thérapie personnalisée», explique le scientifique, visiblement passionné par ce nouveau défi.

Son équipe tente d’utiliser le modèle 3D spécifiquement pour la démence et l’Alzheimer, ce qui pourrait entraîner une grande percée pour ces deux maladies si les résultats confirment l’hypothèse initiale.

Cette expérience californienne représente une réelle opportunité pour l’Eustachois. Non seulement, l’UCSB lui permet de travailler dans un laboratoire stimulant, mais son expertise est hautement appréciée, de sorte qu’on lui a offert un salaire de 12 % supérieur à celui qu’il gagnerait dans un laboratoire universitaire québécois.

«C’est la deuxième offre que j’ai d’aller en Californie dans ma carrière. Cette fois-ci, j’ai choisi de dire oui.» Sa femme Christiane ira le rejoindre dès qu’elle décrochera un emploi. Un essai d’un an ensemble. «Je vais y aller un an à la fois, car c’est quand même exigeant sur le plan familial», dit-il en rappelant que sa progéniture vit au Québec.

Il se sent évidemment privilégié de vivre sur la Côte californienne, qui offre un mode de vie enviable, à commencer par son doux climat et la proximité de la mer. «Les gens me semblent plus détendus. Santa Barbara, ce n’est pas la grande ville, aussi je peux aller travailler en vélo. Et ça me fait bien rire quand on nous annonce une tempête. Pour un Québécois, c’est juste une demi-journée de pluie avec un peu de vent», raconte-t-il.

Pour ce qui est de son avenir professionnel au Québec, Jean Paquette n’est pas en mesure de l’envisager, compte tenu du contexte actuel. «Les budgets gouvernementaux sont mal équilibrés d’une part, puis, lorsqu’un changement de gouvernement survient, les efforts en recherche ne sont pas toujours continués. Ainsi, il n’y a plus de fonds disponibles pour le démarrage de nouveaux laboratoires et surviennent ensuite les coupures. Bref, il y a beaucoup de gaspillage», déplore-t-il.