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Michèle Thibeault-Robitaille est fière de ce qui a été accompli sur la ferme.

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La fermette était familiale. Les enfants apprenaient ainsi d’où venait la nourriture.

Ferme artisanale: vendre faute de recours

Publié le 17/03/2022

Revenons à nos moutons est une ferme locale qui se voulait écoresponsable et variée dans ce qu’elle produisait. Malheureusement plusieurs contraintes l’ont forcée à fermer. 

Revenons à nos moutons est une ferme locale qui se voulait écoresponsable et variée dans ce qu’elle produisait. Malheureusement plusieurs contraintes l’ont forcée à fermer. 

Partir sa ferme

Trois ans se sont écoulés pendant lesquelles, Michèle Thibeault-Robitaille et son conjoint, Kevin T. Tardif, ont investi dans une fermette. L’idée de ce monde de vie n’est pas arrivée par hasard. « On a travaillé en volontariat sur des fermes. » raconte Michèle à propos d’un voyage en Europe.

En revenant, l’idée ne les quittait plus. Ils sont passés de ferme d’autosuffisance à ferme artisanale. « Le but, ça n’a jamais été de produire pour les épiceries, pour les restaurants. Ç’a toujours été d’avoir une belle variété. De tout pour notre petite communauté. » explique-t-elle.

Le couple s’est installé à Mirabel avec cette idée en tête. « Nos coqs à chair étaient sur des cages pas de fond. On roulait la cage à terre, donc tous les jours, ils mangeaient des insectes, de l’herbe, de mauvaises herbes. Ils mangeaient toutes sortes de choses. » ajoute la propriétaire. Cette diversité d’alimentation apportait beaucoup à l’animal selon elle. 

Les marchés publics

La clientèle a connu la ferme au Marché du Terroir de Mirabel ainsi qu’aux marchés publics de Saint-Colomban et Sainte-Sophie, où les produits étaient vendus. Il a cependant fallu éduquer le public quant à la quantité et la variété de pièces de viande présente sur un animal. « Rapidement, le consommateur a compris le principe de l’achat local et de l’achat à petite échelle, que toutes les pièces sont bonnes sur un animal. » explique-t-elle. 

Les clients arrivaient même en demandant des suggestions. « Ce qu’on garantissait à notre clientèle, c’est que chaque semaine, il allait y avoir de la viande. Ça ne veut pas dire que ça va être de l’agneau, du porc ou du poulet, mais chaque semaine il va y avoir de la viande. »

Michèle est peinée en repensant à sa clientèle. Elle se souvient des bons moments au marché public : « Parfois, on arrivait à midi et l’on se disait qu’on était obligé de rester parce que le marché ferme à 15 h, mais il n’y avait plus rien à vendre. »

Produire sa viande

Pour faire préparer sa viande, il a fallu faire affaire avec des abattoirs. Seuls certains sont certifiés pour permettre la vente. 

En effet, il faut une licence particulière, certifiant qu’ils sont approuvés par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec(MAPAQ). Ils ont également le devoir de faire inspecter chaque animal avant et après l’abattage, afin de s’assurer de la qualité. Ces abattoirs, qui sont souvent à une heure ou plus des fermes, peuvent choisir le type d’animal qu’ils abattent.

« La réglementation n’est pas faite pour les fermes d’antan. On a le droit de produire 300 poulets et 25 dindes (par années). » explique-t-elle. Pour pouvoir produire davantage, il faut acheter un quota, chose impossible pour une aussi petite ferme. La MAPAQ pige, chaque année une ferme qui aura ce droit.

Les dindes de la ferme sont donc souvent déjà réservées. Lors de leur dernier élevage, au moment de l’abattage, l’inspection des animaux n’a pu être faite, les rendant invendables. « Ce n’est pas le 250-300 $ d’abattage qui me dérange. C’est le 3000 $ de vente que je viens de perdre. » affirme la propriétaire de la ferme

Des morceaux des carcasses disparaissent également sans que les éleveurs sachent pourquoi. « On envoie 6 porcs qui ont été élevés en forêt dans les meilleures conditions et l’on se fait condamner 2 carcasses. » ajoute Michèle. Elle explique que ces animaux ont pourtant tous été élevés dans les mêmes conditions avec la même nourriture, sans hormones ou autre élément nocif pour l’animal. « Ils sont au grand air à l’année. Le seul moment où on les met dans une remorque, c’est pour aller les faire abattre parce que l’abattage à la ferme n’est pas légal. »

C’est la goutte qui a fait déborder le vase. « Première fois qu’on va en faire abattre, on s’en fait voler 2. » s’attriste-t-elle. L’abattoir n’a pas accepté qu’elle fasse faire une deuxième inspection, assurant s’être débarrassé des carcasses.

Une fin décevante

« Il faut aller de plus en plus loin et payer de plus en plus cher, dénonce Michèle. Et tu n’as jamais de recours. » La meilleure solution selon elle, c’est d’implanter l’abattage mobile.La ferme est maintenant à vendre. Les animaux ont déjà trouvé de nouveaux propriétaires. « On a dû prendre cette décision-là parce qu’on était en train de se rendre malade. On avait pourtant trouvé un modèle d’affaires dans lequel on pouvait y arriver. » conclut la propriétaire de la ferme Revenons à nos moutons.