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Des délinquants en transition se mêlent à la population

Photo Christian Asselin – Nicole Gareau œuvre bénévolement à titre de présidente du Comité régional de direction pour le compte de Service Correctionnel Canada.

Des délinquants en transition se mêlent à la population

Publié le 09/05/2018

Si l’on vous disait que chaque jour, en marchant dans les rues, vous croisez, sans le savoir, d’ex-détenus en probation, dont certains ont passé plus de 25 ans derrière les barreaux, ça vous surprendrait? C’est pourtant le cas.

Selon les plus récentes statistiques, celles de l’année 2015-2016, 201 189 adultes, dont 174 514 hommes, ont pris la direction d’un pénitencier ou d’une prison, au Canada. De ce nombre, 14 741 Canadiens ont écopé d’une sentence supérieure à deux ans et un jour, et se sont donc retrouvés dans un établissement fédéral. Plus de 3600 d’entre eux étaient des Québécois.
Ces chiffres, c’est Nicole Gareau, présidente du Comité régional de direction (CRD) du Québec pour le compte des Services correctionnels du Canada, qui nous les a transmis. Son rôle est de soutenir les bénévoles qui œuvrent au sein des Comités consultatifs de citoyens (CCC) dont le mandat est de veiller à la sécurité du public.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsqu’un détenu écope d’une sentence à vie pour un crime qu’il a commis, bien qu’il soit suivi toute sa vie par les services correctionnels, il arrive régulièrement qu’il soit libéré après 10, 15 ou 20 ans de pénitencier. Pour obtenir sa libération toutefois, il doit préalablement avoir démontré, par sa participation à différents programmes à l’intérieur des murs, qu’il veut vraiment réintégrer la société et devenir un honnête citoyen respectueux des lois.
Centre correctionnel communautaire
Lorsqu’un détenu est libéré avant la fin de sa sentence, il transite inévitablement par les centres correctionnels communautaires où on l’aide à «graduellement» réintégrer la société. C’est à ce niveau que le CCC intervient, a expliqué Nicole Gareau.
«C’est dans les centres correctionnels communautaires, dit-elle, qu’ils apprennent, par exemple, à faire un budget, à vivre en communauté et à se trouver du travail. C’est une sorte de zone tampon qui évite de les sortir directement dans la société. Ils doivent y revenir pour manger et dormir».
Certains d’entre eux, affirme la présidente du CRD, sont tellement traumatisés de voir comment la société a évolué qu’ils ne perdent pas de temps, une fois à l’extérieur des murs, «pour faire un mauvais coup» dans l’unique but de retourner en dedans.
C’est donc pour éviter que ces mauvais coups se produisent et ainsi assurer la sécurité du public que les CCC ont été créés en 1965. À l’heure actuelle, quelque 500 citoyens bénévoles participent activement au sein d’une centaine de CCC dans les différentes régions du Canada.
«Ils sont partout»
Le Québec compte 9 pénitenciers fédéraux, dont celui de Sainte-Anne-des-Plaines, 14 bureaux de libération conditionnelle, 6 centres correctionnels communautaires, dont un qui est situé à Saint-Jérôme, au coin de la rue Saint-Georges et du boulevard Labelle, et 7 bureaux sectoriels. Dans les Basses-Laurentides, on retrouve l’un de ces bureaux dans le parc industriel de Blainville.
«Il y a beaucoup de détenus en transition. Ils sont partout. Ils sont des pères, des frères, des fils, mais ce n’est pas écrit dans leur front qu’ils ont déjà fait du temps», d’indiquer Mme Gareau avant d’ajouter que la réussite d’une réinsertion passe avant tout par la capacité de l’ex-détenu à se trouver un logement et un emploi.
«C’est directement lié, insiste-t-elle. Car on s’entend que s’ils sont en itinérance, la réinsertion devient plus difficile. Ils se retrouvent alors dans des résidences comme Fleur de Macadam, à Saint-Jérôme. Il s’agit d’une excellente ressource, mais ils ne peuvent que s’y laver et dormir, étant obligés de quitter dès le lendemain matin.»
Concrètement
Un individu francophone détenu en milieu anglophone, un autre qui est maltraité au sein d’un établissement fédéral ou encore un employé qui n’a pas reçu sa paye en raison des ratés du système Phœnix. Voilà où le CCC peut faire une différence.
«Notre mandat est d’observer ce qui se passe à l’intérieur des murs, de s’assurer que les employés sont respectés et que les détenus sont bien traités, car s’ils sont maltraités, la possibilité de réinsertion est nulle. C’est de cette façon que l’on protège le public».
En somme, renchérit Nicole Gareau, les CCC sont un outil que la justice s’est donné pour protéger les intérêts de la population. Ces comités relèvent directement du ministère de la Sécurité publique du Canada et de son ministre, Ralph Goodale, à qui ils émettent leurs recommandations.
«Nous sommes nécessaires pour s’assurer de la sécurité publique et pour que les êtres humains soi