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«Le bénévolat, c’est une richesse» – Conrad Royer

Conrad Royer.

«Le bénévolat, c’est une richesse» – Conrad Royer

Publié le 13/06/2018

Conrad Royer conduisait des camions-citernes et passait son temps sur les routes, voyageant des deux côtés de la frontière séparant le Canada et les États-Unis, lorsqu’un bête accident est venu chambouler sa vie, en 1984, quelque part dans le Vermont.

«J’étais sur la citerne et je suis tombé. Mon pied est resté pris. Je suis demeuré suspendu et ç’a décroché ma colonne. J’avais 32 ans» , raconte-t-il. Verdict: dégénérescence du canal spinal et blessure à la moelle épinière au niveau cervical. Pour dire les choses autrement, il était désormais convenu que Conrad Royer ne conduirait plus jamais son camion. Son état provoquant d’autres effets négatifs sur sa santé, il est par ailleurs apparu évident qu’il ne pourrait même plus travailler. Même assis, la fatigue le gagnait rapidement. Ses bras et ses jambes ne supportaient pas une activité soutenue. Depuis la fin des années 1990, d’ailleurs, il doit se déplacer en fauteuil roulant.

«En 1986, on a fait une tentative de retour au travail, avec la CSST. J’ai dû faire une année de physiothérapie pour m’en remettre. On a fini par me déclarer invalide, ajoute le Blainvillois. Quand on m’a enlevé mon permis de conduire, je l’ai très mal pris. C’est long, une vie à ne rien faire.»

Redonner à la société

La suite le ferait mentir puisque le jeune Conrad, qui rongeait son frein en recevant son chèque de pension, qui ruminait le sentiment de se sentir inutile et qui en ressentait une profonde culpabilité, a fini par trouver sa planche de salut dans le bénévolat. «C’était une manière, pour moi, de redonner à la société. Parce que, pour une personne dans mon état, c’est la société qui paye» , pointe-t-il.

Il a donc fait ses premières armes auprès du Club d’athlétisme de Boisbriand, lors d’une journée de compétition au terme de laquelle il devait remettre des médailles à un groupe d’athlètes trisomiques. «Ils étaient tellement heureux. Ils me prenaient dans leurs bras et me serraient de toutes leurs forces» , raconte-t-il. Ému, Conrad Royer venait de trouver sa vocation. Depuis, faire plaisir aux autres, donner de son temps, voilà qui lui procure un sentiment de satisfaction qu’il appelle la «puissance du bénévolat» et dont il ne saurait plus se priver.

Depuis cet épisode au Club d’athlétisme de Boisbriand, Conrad Royer s’est offert ce cadeau en mode continu, en devenant premier répondant pour la Croix-Rouge et en prospectant des sources de financement (c’est devenu sa spécialité) pour le compte d’organismes comme la Ligue navale du Canada, le Regroupement des personnes handicapées de Thérèse-De Blainville, le Club de patinage de vitesse Rosemère-Rive-Nord et, depuis quelque temps, pour le Comité des usagers du système de la santé et des services sociaux de la MRC de Thérèse-De Blainville. Il s’est également impliqué en politique pendant neuf ans, avec le Parti québécois de Groulx (il a été président de comté) et le Bloc québécois de Terrebonne-Blainville.

La retraite? Connaît pas

En fait, si cet accident n’était pas arrivé, en 1984, Conrad Royer serait normalement un camionneur retraité. Mais peut-on prendre sa retraite du bénévolat? «Sincèrement, je ne sais pas» , répond Conrad Royer après un bref moment de réflexion. Il faut dire qu’il s’était quelque peu éloigné du bénévolat, ces derniers temps, pour remplir une tout autre fonction, celle de proche aidant pour son épouse, aujourd’hui résidante en CHSLD. Ses années de bénévolat l’y avaient d’ailleurs préparé, dit-il.

«Pour être un bon proche aidant, il faut s’oublier. C’est la même chose quand on fait du bénévolat. Il ne faut pas compter les heures» , constate Conrad Royer qui s’y est toujours investi comme s’il s’agissait d’un emploi à plein temps.

De ses années en politique, Conrad Royer dira qu’elles furent une source d’apprentissage en vue des fonctions qu’il occupe aujourd’hui au Comité des usagers de Thérèse-De Blainville. Peu importe l’instance à laquelle il faut s’adresser pour régler un problème ou acheminer une requête, il connaît bien les structures et sait à quelles portes frapper.

Heureux, Conrad Royer? La réponse est contenue dans un «oui» spontané. «C’est une richesse, le bénévolat, dit-il. Quand j’ai arrêté de travailler, j’ai perdu de vue tous les amis que j’avais. Avec le bénévolat, partout où je suis passé, j’ai renouvelé mon cercle d’amitiés.»

Avec le Comité des usagers, Conrad Royer vient d’accepter un mandat de trois ans. Reposons donc la question: peut-on prendre sa retraite du bénévolat? Cette fois, la réponse est tout autre: «Non, je ne pense pas…»