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Abbaye d’Oka: Michel Goyer y va de ses suggestions

C’est à titre personnel

Abbaye d’Oka: Michel Goyer y va de ses suggestions

Publié le 07/02/2015

L’un des acteurs de la première heure lorsqu’est venu le moment de négocier, en 2006, l’acquisition du domaine de l’abbaye d’Oka, Michel Goyer, lance à son tour un cri du cœur pour que l’héritage du passage des pères trappistes dans la région demeure. Et c’est pourquoi celui-ci a écrit au premier ministre Philippe Couillard l’enjoignant d’intervenir dans le dossier pour que justement cet héritage, tant religieux, spirituel, éducatif que scientifique, social et économique, se perpétue au cours des prochaines années et décennies.

Dans cette lettre, M. Goyer propose différentes options pour que son souhait et celui des pères trappistes se réalisent, notamment la création d’une fiducie foncière – regroupant cinq ou sept producteurs agricoles – qui pourrait se porter acquéreur des terres agricoles que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ne souhaite plus acheter.

Aussi, M. Goyer suggère que la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), qui a pour mandat d’administrer et de développer des territoires publics et des équipements touristiques, dont le parc d’Oka, investisse dans l’abbaye okoise pour offrir une nouvelle offre touristique dans la région, ce dont profiterait l’ensemble des Québécois.

Connu pour être le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie MRC de Deux-Montagnes (CCI2M) depuis neuf ans, c’est toutefois à titre personnel, à titre de citoyen, que Michel Goyer a décidé de se mouiller dans le dossier. «C’est en lisant la lettre ouverte du père trappiste André Barbeau dans le quotidien Le Devoir, au mois de décembre, que j’ai commencé à songer à intervenir. Puis, avec la parution de textes dans L’ÉVEIL, j’ai cru bon apporter un nouvel éclairage dans ce dossier», d’expliquer, en entrevue, M. Goyer.

Rappelons que le MAPAQ a, fin novembre, adressé une lettre à la Corporation de l’abbaye d’Oka, l’informant qu’il ne procéderait pas à l’acquisition des terres agricoles comprises dans l’ancien domaine trappiste, malgré un décret en ce sens adopté par l’ancien gouvernement péquiste en mars 2014. La transaction était évaluée à 2 M$ et était fort attendue par la Corporation que préside depuis peu le maire d’Oka, Pascal Quevillon.

Ne voulant pas remettre en question cette décision gouvernementale, M. Goyer estime toutefois que la vente des terres à un agriculteur local, comme cela est envisagé, n’est pas la meilleure solution. «On ne sait pas ce que l’avenir réserve. Si, par exemple, l’acheteur décède, est-ce que les héritiers poursuivront la vocation agricole? C’est pourquoi je propose la création d’une fiducie, une structure juridique largement utilisée aux États-Unis, et ce, depuis longtemps, ainsi qu’au Canada anglais. Cette fiducie agricole assurerait et permettrait de gérer à long terme le développement durable de ces 270 hectares de terres», d’estimer M. Goyer.

Aussi, celui-ci estime que la Sépaq pourrait jouer un rôle important pour l’hébergement et l’hôtellerie dans la région en réaménageant l’abbaye d’Oka en ce sens. «C’est sa mission première. Par analogie, la Sépaq pourrait, dans son intervention via ses fonds publics, être comparée à la Caisse de dépôt et placement du Québec qui va investir prochainement dans la construction d’infrastructures du système léger sur rail (SLR) sur le pont Champlain et du Train de l’Ouest de Montréal et vers l’aéroport de Montréal. Ce serait une façon de récupérer, pour notre région, les 2 M$ perdus par la décision du ministre Pierre Paradis», d’ajouter Michel Goyer.

Dans sa lettre, M. Goyer propose aussi que les transformateurs qui œuvrent dans l’agroalimentaire et qui fabriquent des produits prêts à manger soient sollicités et qu’une fondation qui pourrait servir comme puissant levier auprès des gens d’affaires du Québec soit créée. Celle-ci pourrait être présidée par une femme ou un homme d’affaires influent du Québec.

«À mon avis, il est important de se souvenir dans quel esprit les pères trappistes ont accepté de vendre leur domaine pour 7 M$, et des 14 M$ d’abord demandés. Nous avions alors présenté un projet d’affaires qui s’articulait autour de 4 volets: formation, touristique (hébergement et restauration) agroalimentaire et culturel. Tous ces volets étaient en lien avec les infrastructures de l’abbaye. C’est ça l’esprit, l’intention des parties qui ont animé les discussions et qui ont conduit à l’acquisition de ce vaste domaine», de rappeler, en guise de conclusion, Michel Goyer, ajoutant que le domaine, ses bâtiments et ses terres appartiennent à l’ensemble des Québécois.